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Critiques de Odile Moreau (2)
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La Turquie dans la Grande Guerre

Enfin un ouvrage qui traite de ce sujet même si le titre n'est pas correct puisqu'il s'agit surtout de l'Empire Ottoman dans la Grande Guerre. Mais on va dire que celui choisi parle plus au lecteur du XXIème siècle.



Le livre est sortie en début d'année et est écrit par une auteure maîtrisant la langue turque ce qui est un avantage déterminant dans la pertinence des propos. Mais le livre souffre d'un très gros problème de rédaction. On a trop souvent l'impression qu'il s'agit de notes mises bout à bout et que le travail de synthèse des fins de chapitre n'est qu'une énumération de phrases employées dans les paragraphes précédents elles aussi mises bout à bout. Ces mêmes paragraphes traitant trop souvent de plusieurs choses en même temps sans élément de transition passant du coq à l'âne. C'est dur et très compliqué à suivre d'autant que la chronologie n'est pas toujours le fil conducteur est que l'usage quasi systématique du présent ne facilite pas les choses. On a donc le sentiment qu'il s'agit d'un travail effectué dans l'urgence ou tout du moins d'un travail de commande sans esprit de synthèse ce qui le rend difficile d'accès.



Cependant, ses intentions sont louables. L'ouvrage commence par rappeler judicieusement que du point de vue turc, la guerre mondiale n'est qu'une étape dans l'enchaînement quasi ubuesque de conflits de 1911 à 1922 :



1- Lors de la guerre italo-turque de Tripolitaine, trop sommairement évoquée car on ne comprend pas trop comment les turcs sont intervenus dans le conflit ni même les difficultés qu'ils ont érigées face aux transalpins (wikipédia fait mieux).

2- Lors de l'impitoyable première guerre Balkanique déclenchée par l'ensemble des nations balkaniques (Grèce, Serbie, Bulgarie, Monténégro) pour tomber sur le dos d'un Empire Ottoman totalement concentré sur la Libye et incapable de mobiliser à temps ses troupes pour faire face à l'attaque surprise. Une leçon utile mais au combien humiliante.

3 - Puis lors de l'extravagante seconde guerre balkanique qui se déclenche dès la précédente finie entre les alliés de la veille contre la trop gourmande Bulgarie et où l'Empire Ottoman, allié à ses ennemis d'hier, récupère une portion congrue de ses territoires européens.

4 - La première guerre Mondiale, principal sujet de l'ouvrage.

5 - Enfin, jusqu'en 1922 la guerre d'indépendance qui s'enclenche dès la fin de la mondiale et où le nationalisme turc mobilise des forces exsangues qui finiront par rejeter Français (plus ou moins volontairement), Anglais (plus ou moins contraint) et Grecs (à coups de pieds dans le cul) hors du territoire qui constitue, encore aujourd'hui, la République de Turquie.

10 ans de guerre quasi ininterrompus dans un Empire Ottoman croulant sous des calamités dignes des 7 plaies d'Égypte : Réorganisation d'une armée humiliée et démoralisée; problème des désertions (40% des effectifs); crises politiques et coups d'état successifs; emballement nationaliste clivant; grandes épidémies; crises frumentaires extrêmes; déliquescence du pouvoir centrale et des infrastructures étatiques, vampirisation germanique... le tout dans un pays archaïque à l'exception de sa capitale Constantinople/Stamboule*, sans industrie ni aucune infrastructures routière et un réseau ferroviaire se résumant trop souvent à unique ligne discontinue à une seule voie.

On se demande comment il a fait pour durer aussi longtemps et résister sur autant de fronts (Balkans, Dardanelles, Caucase, Irak, Palestine) au déferlement des troupes de l'Empire Britannique allant même jusqu'à les humilier en début de conflit (Dardanelles, Irak). On explique généralement cela par les erreurs de ses adversaires, mais c'est surtout leur attitude présomptueuse qui les ont conduit à subir le joug de Turcs motivés de s'affranchir du diktat des grandes nations.



L'aspect purement militaires et opérationnel est très succin. Tandis que le lecteur curieux cherche encore à savoir où sont passées les troupes turques sur le sol européen, le lecteur distrait pourrait passer à côté des victoires caucasiennes de 1918 (C'est dommage pour les fans du Back-of-Beyond).



En revanche, le livre est prolixe sur les services spéciaux non officiels du comité Union & Progrès alors au gouvernement. Tentatives de déstabilisation des colonies de l'Entente, armement de groupuscules aux marges de l'empire, mise sous pression armée des minorités rétives, déportation des autres, massacre plus ou moins discret (à l'époque) sont autant d'action menées plus ou moins secrètement par ce service mais narrées de façon un peu décousue et sans véritable travail de synthèse. On a parfois l'impression de se perdre sans savoir s'il s'agit d'un élément déterminant ou anecdotique.



Il me reste tout de même l'impression de raté. Avec une auteure turcophone capable d'aligner une impressionnante bibliographie multi-lingue, on pouvait espérer un ouvrage des plus passionnant. le sujet l'est mais les propos le sont nettement moins. Je resterai indulgent car il faut bien avouer que ce n'est pas le livre qui est trop ambitieux mais tout simplement le sujet qui est beaucoup trop grand et il y a matière à faire quelques chose de vraiment intéressant avec les informations qu'on peut y trouver, mais sachez que se sera à vous d'en faire la synthèse. Pour les opérations militaires, passez votre chemin.





* Avant la chute de l'Empire, la vieille ville est toujours appelée Constantinople et Stamboule est employé pour englober l'ensemble de cette immense mégapole. Ce n'est qu'à l'avènement de la République et la perte de son statut de Capitale délocalisée à Ankara, que la ville prendra le nom d'Istanbul.
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La Turquie dans la Grande Guerre

En ces temps de commémoration du centenaire du premier conflit mondial, l’ouvrage de l’historienne Odile Moreau sur la Turquie pendant la Grande Guerre intéressera tous ceux qui regrettent que le front d’Orient ait été trop souvent considéré comme un théâtre secondaire d’opérations périphériques, alors même que s’y nouait une série d‘enjeux stratégiques dont l’importance a été brutalement redécouverte, ces dernières années. Mais cette contribution ne laissera pas insensibles non plus les observateurs assidus de la Turquie contemporaine, souvent secouée, dans la période récente, par des débats et des polémiques historiques concernant la Première Guerre mondiale et ses conséquences.
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