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Citations de Oek de Jong (18)


Les héros ont toujours un petit peigne, un porte monnaie à fermoir et un paquet de cigarettes glissés derrière la ceinture de leur maillot de bain. Les héros marchent toujours à pas lents et les jambes un peu écartées. Mal à la bitte probablement.
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Il se redressa et appuya l’œil contre la joue de sa mère. Il lui caressa la joue de ses cils qui clignotaient, aussi doux que l'aile d'un papillon. Et c'était étrange de se dire que le Dieu de sa mère était aussi dans ses cils à lui, et dans sa joue à elle, et entre ces cils et cette joue, et qu'il était même toujours là alors que la journée s'était entièrement vidée.
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Ce matin-là, son corps lui apparut comme transformé. Elle le remarqua tout d'abord dans les rues du quartier De Pijp en allant prendre le tramway : il semblait plus léger et plus dénoué, plus rond et plus agréable à voir et son existence était soudain si manifeste quelle en eut presque peur. À chaque pas, elle sentait ses seins, elle sentait encore, entre ses cuisses, la chaleur du plaisir qu'elle venait d'éprouver et sur son dos la sueur jaillie de ses pores dans la dernière étreinte. Elle marchait d'un pas vif, sans faire attention à la circulation, et elle regrettait d'être arrivée si vite à l'arrêt du tramway. Si elle en avait eu le temps, elle aurait parcouru à pied tout le chemin jusqu'à son travail pour pouvoir continuer à sentir le mouvement délicieux et insouciant de son corps.
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Il rit doucement, perdu dans des nuées de trouble et d'émotion. De la main droite, il lui caresse les cheveux, il suit d'un doigt le contour de son oreille. De la main gauche il tient la cigarette, sans la fumer, pour avoir cette main occupée le plus longtemps possible et ne pas avoir à l'utiliser. Simone soupire sous sa couverture. Il regarde la tête qu'il est en train de caresser, regarde le décor où il se trouve et enregistre tout.
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Au lieu de la regarder, il avait pris des mesures de rétorsion. Il s'était couché à plat ventre sur sa chaise, les jambes en l'air et la tête en bas. A son tour, il lui avait signifié son intention de rester dans cette position jusqu'à ce que tout son sang lui ait afflué à la tête et qu'il ne puisse plus jamais rien faire de son corps. A quoi sa mère avait répliqué que cela lui paraissait un excellent projet. Puis avait commencé leur lutte silencieuse.
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Des jours durant, sa mère avait fait tout son possible pour le maintenir en équilibre. Chaque fois, aux moments critiques, elle avait rappelé à son père, à son petit frère et à sa petite sœur, d'un regard entendu, d'un froncement de sourcils ou d'un habile jeu de jambes sous la table, qu'il fallait le ménager. De temps à autre, elle avait fait des allusions subtiles au rendez-vous, pour éviter, la date venue de le prendre au dépourvu. Chaque soir, assise au bord de son lit, elle lui avait donné autant de petits baisers-papillons qu'il en voulait. Elle avait répondu à toutes ses questions, calmé sa peur autant que possible, et écouté ses descriptions des choses qu'il avait perçues ou croyait avoir perçues _ jusqu'au moment où il sombrait en marmonnant dans le sommeil.
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C'est une survivante, pensa-t-il soudain. S'il existe un verbe qui la caractérise, c'est celui-ci : survivre. Elle n'a rien fait d'autre depuis sa petite enfance. Elle a beau avoir l'air forte, lutter avec les garçons, rire du fond du ventre, sa vie n'a jamais été qu'une survie. Dans la maison d'ouvrier, près de l'Ee, où elle se levait à cinq heures du matin pour se réserver ne serait-ce que quelques heures de solitude. Pendant les dix années où elle avait tout sacrifié pour devenir une ping pong champ, quémandant l'approbation de son entraineur. Dans les années avec Marcus, elle avait survécu dans un milieu de drogués où elle se sentait malheureuse comme les pierres. Et finalement sa liaison avec cet escroc à tête intéressante, un homme plus vieux qu'elle, qui apparemment, la rassurait, qui répondait à ce besoin, si profond en elle qu'elle encaissait les coups avec patience.
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Après deux ans et demi, à la fois affamée et réticente, elle avait reconnu son corps. C'était comme si ses mains et ses lèvres, pas elle-même, le reconnaissaient ou qu'elle avait conservé le souvenir des formes de son visage sur ses lèvres, le souvenir de son dos sur ses mains -- elle retrouva , les yeux fermés, la cicatrice, l'endroit où son père l'avait blessé. Prise de peur, elle se leva. Mais pas moyen d'y échapper : revenue sous la couette, elle l'entoura de ses bras et de ses jambes et se mit à pleurer. Ses larmes flattèrent Henri. Mais si elle pleurait, c'était parce qu'elle se rendait compte que le lien qui la rattachait à cet homme n'était pas encore brisé.
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-Nina, toi, tu peux être raisonnable et remettre les choses à leur place. Pas moi. Il y a des années que ces idées se sont gravées dans mon cerveau. Et plus tous les autres me répètent que les désirs sont irréalistes, plus je me persuade d'avoir raison et de devoir persévérer. Parce que tous les autres, c'est la moyenne. Personne n'a le droit de trop s'en écarter, chacun doit boire la tasse de sa terrible normalité. S'il y a une chose dont j'ai une sainte horreur, c'est bien les moyennes. Je ne sais pas ce qui me pousse. Autrefois on aurait dit que c'était mon démon. Il est là, que je le veuille ou non. Si je pouvais arriver à m'en débarrasser, alors là oui, ce serait la fin de cette fringale perpétuelle, je pourrais lézarder au soleil sans me bouger le cul.
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Pour qui la connaît, il sera facile de déceler dans sa mise, dans son comportement une légère mais constante propension au grotesque, à l'extravagant - pour faire contrepoids au caractère équilibré qu'elle est censée posséder. Le principal contrepoids étant, depuis plus de six ans, la compagnie d'Edo.
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Lorsque son oncle se mit à jouer le premier mouvement de la partita en entier et pratiquement sans fautes, Édouard se réveilla pour la seconde fois. Un instant, il crut qu'on était le soir, qu'il entendait jouer son père dans la maison de la rue de la Gare. Ces airs au piano dans le soir, qui lui faisaient oublier les menaces, et le plus beau son qu'il connut : celui d'un piano qui joue dans une autre pièce.
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Leurs regards se croisent. La même sensation de fondre qu'autrefois, lorsque sa mère le regardait d'une certaine façon. Seulement maintenant fondre, ça s'appelle bander.
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Existait-il une chose sur laquelle on avait menti autant que sur l'amour ?
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Elle se sentait prête, prête à s'engager, à être heureuse avec lui, à vouloir le bonheur. Au coin de la rue, près de l'Amstel, ils tournèrent pour entrer dans un café. Et dans ce mouvement elle jeta un coup d’œil sur les rails de tramway du côté de l'Opéra illuminé. Elle sursauta. Tout ce dont elle avait voulu se convaincre fut balayé d'un seul coup.
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Henri et sa vie chaotique et difficile qui la touchait plus profondément que toutes les carrières rationnelles et les vies préfabriquées du monde de Jelmer.
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Je t’énerve, dit-elle. Je t'ai énervé tout l'après-midi et toute la soirée. Tu voulais que je sois belle, mais j'ai mis les vêtements les plus affreux et j'ai l'air d'une pensionnaire. En visite chez mon père, je te déçois de nouveau : je perds la tête, je suis timide et je me conduis comme une enfant, et ça t’énerve. Mon manque d'équilibre t'énerve, mon milieu social t'effraie, les choses que j'ai vécues t'effraient : un père comme le mien, un entraîneur qui m'a eue en son pouvoir pendant des années, Marcus qui se drogue. Henri qui me bat... Tu ne veux rien savoir de ce genre de choses, tu veux avoir une femme sans problèmes, je ne fais que t'énerver, je ne réponds plus à ton attente.
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Elle marchait à côté d'Henri, et soudain elle sentit son odeur. Elle ne l'avait pas embrassé, ne lui avait pas serré la main, elle avait évité tout contact, mais elle ne put échapper à l'odeur de son corps ; cette odeur piquante, amère comme du bois calciné, pénétrait dans ses narines par ondées. Elle voulait la rejeter, mais au contraire, elle l'inspirait.
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Certains êtres ne veulent pas être heureux, avait-elle écrit, ils ne le veulent pas et dès que le bonheur se fait trop pressant, ils le détruisent.
Elle avait fait une croix sur lui.
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