Le monde change perpétuellement à mesure que les générations se succèdent. Et pourtant, le poisson rouge, une créature qu'on était censé non pas consommer, mais apprécier exclusivement pour sa beauté, était parvenu en quelque sorte à atteindre un objectif : dans son domaine, il pouvait être considéré comme la perfection absolue, surmontant toutes les vicissitudes en vertu seulement du faible pouvoir rayonnant de sa splendeur.
On eût dit que ce n'étaient pas les êtres humains qui créaient les poissons rouges, mais que ceux-ci avaient eux-mêmes poursuivi opiniâtrement leur objectif de perfection en séduisant et en exploitant à leur avantage le plus délicat des instincts humains, l'attraction pour la beauté.
Si, en fin de compte, il était incapable de conquérir la vraie Masako, il souhaitait du moins parvenir à créer une splendide créature qui lui évoquerait le souvenir de la jeune fille à l'instar d'un lot de consolation.