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Citation de lolitajamesdawson


Ma mère s'emmerdait, elle m'a transformée en poupée. Elle a joué avec sa poupée pendant quelques années et la poupée en a eu assez. Elle s'est vengée.

Ma mère me disait que j'étais très belle et que je n'étais pas trop bête. L'ordre des compliments et important, la forme aussi. J'étais très belle, une affirmation. Je n'étais pas trop bête, une négation.

Je suis très heureuse, j'ajoute ma couronne, je suis fière de moi, ma mère ne touche plus terre et, pourtant, cette victoire est le début de l'enfer.

En rentrant à la maison, je me souviens l'avoir entendu dire à mon père, des faux cils sur une gamine de sept ans, non mais t'imagines, certains parents exagèrent. J'aurais des faux cils deux mois plus tard.

Je le constaterai plus tard, un homme qui crie tout le temps est souvent un homme faible. Le silence est fort.

Il a fait une chose pour moi, il s'en est foutu plein les poches. Il s'est largement remboursé l'argent dépensé pour sa tranquillité.

Parfois, il faut diriger son regard dans la direction inverse des gens qui vous entourent, la vérité se trouve de l'autre côté, pas toujours mais souvent.

Sur les photos de mon avant-dernier concours, c'est bien simple, je ressemble à une pute, une pute de douze ans. Et sur une de ces photos, ma souteneuse me tient par la main, et elle a de ces yeux, mon Dieu, de ces yeux. Si vous pouviez voir cette image, ça m'éviterait décrire tous ces mots.

Je suis plus intelligente que ma mère, je n'ai jamais eu besoin de la gifler pour lui transmettre des messages.

Le seul truc adulte que j'ai pu faire avec lui, c'est de lire le Miami Herald en buvant une limonade. Innocent mais puni. La dernière image que j'ai de lui, c'est de dos, sa veste marron maculée d'un crachat.

Je ne voulais surtout pas faire plaisir à la Reine mère. Je ne voulais plus être la cause de ses sourires, je voulais même devenir la raison de ses souffrances. Je n'ai pas eu le choix, autorité parentale on appelle ça.

Je vivais un tel merdier à la maison, mon monde continuant de s'écrouler, que l'effondrement des tours de New York m'est passé totalement au-dessus de la tête ; mon esprit n'a pas été percuté comme l'ont été les tours jumelles. L'adolescence, l'ambiance, l'égoïsme m'ont fait passer à côté de cet immense bordel. Au contraire, j'ai même été soulagée de voir mes parents s'avachir des jours entiers devant la télé. Ils me foutaient une paix royale pendant que le monde rentrait dans une guerre totale.

J'ai douze ans et demi et j'ai déjà besoin de tout reprendre à zéro, ça ressemble furieusement à un faux départ.

Souvent, le week-end, je regardais les nombreuses photos de la Princesse Kodak que j'avais été et, dans le miroir, la boule de graisse géante que je devenais, et je ne trouvais aucune ressemblance entre ces deux personnes. J'avais le sentiment d'être un ogre, le sentiment que je pouvais rentrer dans la photo et prendre cette petite chose fragile dans ma main comme King Kong avec la blonde.

Je l'enveloppais de honte et de faux sentiments. J'étais sa honte, son fardeau, et c'était mon cadeau.

Une envie compliqué, celle de crever, une envie simple, celle de vouloir les crever. Le diable dans sa grande perversité nous à dotés d'organes génitaux et d'une libido, le paradis. Dieu dans sa grande générosité nous a fourni une cervelle et un coeur, l'enfer.

Ce qui m'est arrivé ? C'est simple, j'étais avec le plus beau mec du monde sur la plus belle plage du monde, nous allions êtres maîtres de l'univers et, avant-hier, son père m'a vue sous la douche et s'est excité tout seul, et maintenant je suis la plus grosse merde de l'univers. Voilà ce qui s'est passé. Tu pourrais me prendre en photo, souriante, et peindre "merde de l'univers" sur ma gueule.

Fumer autant d'herbe rend le présent différent et le passé moins présent. C'est à peine si j'éprouve des pointes de mélancolie, ça me pique l'esprit parfois mais ça ne m'enfonce pas. Oui, voilà, ça me maintient à la surface, le visage à l'air, le corps dans l'eau, je peux respirer.

Mon image se résume à des chiffres bleus lumineux entre mes doigts de pieds et les chiffres ne sont jamais bons, ce n'est jamais suffisant, c'est toujours trop, c'est l'histoire de l'engrenage.

Personne ne console un type qui a la grippe en lui parlant des cancéreux, au pire ça mérite un éclat de rire, au mieux un pain dans la gueule. C'est inaudible comme discours. La théorie du pire ailleurs est la négation du bon sens et de l'ambition. Si je me compare tout le temps aux petits Nigérians, j'accepte ma condition toute ma vie et je ferme ma gueule toute la journée. Je regarde mes pieds et j'attends que la vie passe, qu'elle m'écrase.

Une mélodie vous transporte immédiatement dans un lieu, à une date précise, au coeur d'une ambiance particulière. Parfois même, un rythme fait revenir une odeur.

J'ai fait le contraire de Samson, pour décupler mes forces j'ai coupé mes cheveux, pour devenir plus puissante j'ai tout rasé.

Une couronne en plastique, une princesse en toc, un tableau royal. Car oui, je vais monter sur le trône, c'est la vocation d'une princesse d'un jour devenir reine. J'ai fait comme on a dit, j'ai obéi, j'ai attendu sagement, je suis récompensée.

Ma petite frimousse dominait leur nuit. J'étais là, princesse qui ne les a jamais quittés, souriante, chapeautant leurs rêves, je les protégeais. J'étais encore un beau projet, je suis devenue un sale regret.
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