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Citation de sylviedelaire


Je la vois, assise sur le sable. Je n’ai aucun doute : elle est là pour moi. Je vais vers elle comme si je suivais des instructions depuis longtemps mémorisées.
D’un geste économe, elle m’invite à prendre place à côté d’elle face à la mer. Elle a les jambes nues, pliées, serrées l’une contre l’autre, les pieds joints posés sur le sable, les mains croisées sur les genoux. Elle se tient droite, regarde devant elle, la mer, le ciel. Les tendons de son cou sont saillants, comme un défi. Ses cheveux noirs tombent sur ses épaules, encadrant son visage dissimulé par des lunettes de soleil et un grand chapeau. Elle me remercie d’avoir trouvé son poudrier. Elle insiste sur le mot « trouvé ». Elle me demande si je me suis déjà senti sous le coup d’une malédiction. Tout d’abord, je ne suis pas sûr d’avoir compris, tant son sourire et sa décontraction tranchent avec ses paroles. Je réponds que les pires malédictions sont celles qu’on prononce contre soi-même, en pensant que j’aurais mieux fait de me taire. Elle s’appelle Beverly Carter.
– Vous travaillez à Hong Kong ?
– Parfois, répond-elle.
– Quelle est votre spécialité ?
– Je suis ma propre spécialité.
Je la félicite de ce choix essentiel.
À présent, entre nous, la tonalité est définie sans repentir possible. Nous restons encore un peu sur la plage à caresser avec précaution la forme de notre rencontre.
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