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Critiques de Olivier Peraldi (5)
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Le prochain testament

Le contexte :



Sous un angle dystopique, le Prochain Testament évoque un futur à nos portes via le parcours du narrateur, habitant du District et employé par la toute-puissante Firme, laquelle surveille en continu par écrans interposés les habitudes de vie de la population. Dès lors, la vie se décline en analyses et statistiques et chacun a plus que jamais conscience de n'être qu'un numéro.

Dorénavant, les couples ne cohabitent plus et une assistance virtuelle offre toutes les garanties d'un sexe ultra sûr. Quant aux enfants, ils ne sont plus conçus « au feu de bois » mais grâce à l'Inovorium dont la technologie avancée encadre avec méthode et fiabilité les naissances. Les rejetons qui rejoignent notre bonne vielle planète par ce biais sont à présent « livrés clés en main » à la demande de géniteurs, certes réduits à de basiques gamètes mâles et femelles, mais libérés des terribles contraintes et aléas d'une gestation in utero. Des néo-parents qui pourraient se retrouver dans un slogan du genre « Les enfants tarés, c'est du passé, l'Inovorium c'est le summum ! ». Un humain de compète, issu de ce procédé poussé à son paroxysme, pourrait même zapper les étapes, toujours délicates, de l'enfance et de l'adolescence pour voir le jour déjà adulte. Et puis soyons fous, allons plus loin encore, cet être accéderait enfin à l'immortalité, deviendrait l'égal de Dieu et bouclerait définitivement la boucle de l'absurdité de l'existence.

Quant au narrateur, bien qu'issu d'un père et d'une mère, on ne saura jamais comment il s'appelle pour bien marquer la rupture avec les origines. D'entrée de jeu l'auteur « tue » d'ailleurs le Père et inaugure son histoire avec une incinération d'anthologie, dans les pages suivantes, il brosse le portrait d'une mère indifférente qui cherche en permanence à se préserver des ravages du temps. Bref, il est seul au monde. Et ce n'est pas sa compagne Marie, tentée par une conception aseptisée, qui lui apportera du réconfort.



Mon ressenti :



À l'heure où moult têtes pensantes se penchent sur le danger potentiel d'une Intelligence Artificielle, qui deviendrait incontrôlable dans une société hyperconnectée, ce prochain Testament n'offre plus un roman d'anticipation mais un regard teinté d'ironie sur une réalité glaçante.

Dans cet ordre d'idées, je salue la manière dont a été campé l'atrabilaire Monsieur Ying, qui rappellera quelques joyeusetés à toutes les victimes d'un management par la terreur et, qui, ici, tyrannise ses subordonnés depuis un écran. On peut se demander si ce personnage tient encore de l'humain ou s'il n'est, tout compte fait, que le produit d'une funeste machination d'algorithmes.



le propre du récit d'anticipation est, sous couvert d'étudier les dérèglements du monde, d'alerter sur ce que l'avenir nous réserve. Sont ici dénoncés les écueils d'une société de contrôle qui n'est, en définitive, qu'une relecture de la nôtre. Il s'agit davantage d'observer un microcosme où le lien social décline malgré l'abondance des moyens de communication. Tout ceci trouve d'ailleurs une terrible résonance avec l'actualité, en ces temps de pandémie, qui ont contribué à éloigner encore plus les individus, qui n'avaient déjà pas besoin de ça.

Puis, en écho au titre de l'ouvrage, le lecteur s'interrogera avec raison sur la place laissée à une quelconque transcendance : quid de la spiritualité ? Une question à laquelle s'en ajoute une autre, d'une simplicité biblique, et qui existe depuis l'aube des temps, celle qui entoure l'acte le plus naturel qui soit : la transmission de la vie.

Ainsi, comme dans toute dystopie qui se respecte, à l'arrière-plan du tableau principal s'en dessine un autre, aux antipodes du premier. Ici, cet autre univers s'ancre dans l'immense Parc des Vacations ; l'endroit où vont échouer les Déréférencé.e.s, ces hommes et femmes marginalisé.e.s, à tout jamais effacé.e.s des bases de données du District. En somme les rebuts d'un système pour qui la pression s'est avérée trop forte. Alors une vie alternative serait-elle encore envisageable ? Un renouveau possible grâce à une communion avec une nature jusqu'ici malmenée ? N'est-il pas trop tard ?
Lien : http://scambiculturali.over-..
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Les Cinq nuits d'insomnie

Pour l’artiste c’est cinq jours d’insomnie pour le lecteur (ou la lectrice) c’est un parcours onirique, au merveilleux pays de la création, picturale pour Arcimboldo, littéraire pour l’auteur.

Par le miraculeux pouvoir du rapprochement de mots, inattendus mais parfaitement accordés, il nous semble être devant une de ces œuvres picturales aux couleurs parfois improbables , et qui pourtant nous émeuvent jusqu’au fond de l’âme.

En entrant dans ce livre, le lecteur entre paradoxalement dans un roman à suspens, qui ne peut que bien se terminer, pour ce qui est au moins de l’œuvre.

Pour le reste il y règne une atmosphère douce-amère de fin de vie, du renoncement progressif qui caractérise la vieillesse, de la hiérarchisation consciente ou inconsciente de ce qui est essentiel, de la trace que l’on laisse en définitive de sa vie.

Reste la symbolique du corbeau, presque évidente pour ce qui est d’Arcimboldo, plus mystérieuse de la part du commanditaire Rodolphe II, au demeurant passionné d’ésotérisme, pouvant donner lieu à toutes les interprétations pour ce qui est de l’auteur, s’il ne s’agissait d’un rêve, où tout est possible…

Françoise ROUCH
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Les Cinq nuits d'insomnie

Il y a des ordres, peu importe l’époque, qui vous font douter de vous et de vos capacités. Cependant, le désir d’un roi est un ordre car y « circonvenir » pourrait coûter cher, très cher. Celui qui désobéit pourrait perdre ses privilèges, voire sa vie. Arcimboldo, un peintre, a reçu un ordre de l’empereur: choisir l’oiseau le plus laid de la terre et l’embellir le plus possible. Tout cela en cinq nuits car cet oiseau sera le symbole du carnaval. Le peintre se désespère. Comment faire tout cela en si peu de temps ? Y arrivera-t-il ? Comment faire ? Et si c’était un piège ? Arcimboldo rechigne et peste. L’artiste prendra-t-il le pas sur l’homme ?



Dans une prose très poétique, nous suivons le récit de cet artiste et de la commande extravagante qu’il a reçue. Les descriptions des scènes ressemblent à des tableaux qui sont décryptés. Même les états d’âme du peintre ressemblent à des saynètes, de longs monologues. Le récit est fait par l’oiseau qui a été choisi. Ce dernier raconte son incompréhension, sa perplexité et ne perd pas une miette de ce qui se déroule sous ses yeux. Cet oiseau est le symbole d’une folie de l’empereur. Arcimboldo relèvera-t-il le défi ? Les mots décrivent le bégaiement des esquisses, des gestes, du soliloque de l’homme. Folie ou excitation ?



Le tableau commandé par l’empereur fait perdre le sommeil à l’artiste peintre Arcimboldo. Un tableau à livrer en cinq nuits et six jours. Folie. Démence. Utopie. Mais, les désirs d’un empereur sont des ordres. Comment faire ? Comment respecter les différentes étapes ? Les gestes de l’artiste sont théâtraux comme ses colères contre son aide, Tomas. Et cet oiseau… Il l’épie de son coin. Il écoute les élucubrations du maître. Il admire le ballet des gestes et des pinceaux. Création ? Délire ? Folie ? Pourquoi pas ? Et l’oiseau doute. Il s’effraie tout en ressentant une curiosité sans nom. Il assiste, impuissant, à la lutte du maître avec son inspiration. Une lutte féroce qui le mènera peut-être à la folie. Peut-être à la mort. Est-ce son dernier tableau ?
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Le prochain testament

Ce que j’ai ressenti à la lecture du roman Le Prochain Testament… qui aurait pu s’appeler aussi… « le testament du futur »

Par Françoise Rouch

Ceux qui se fieraient au résumé de la quatrième de couverture et attendraient une intrigue classique sur le désir d’enfant au sein d’un couple dans la France de 2020 seraient terriblement désappointés. Ils le seraient parce que la question de l’enfant n’arrive qu’en seconde partie du livre après une description du contexte sociétal d’une époque plus ou moins proche ou lointaine, après une longue description d’un monde futur, non daté, mais semble-t-il de moyen terme, résultat de l’évolution de l’environnement connecté. Tout est rebaptisé dans ce cadre : le district, l’esplanade, la firme, le cadre… c’est-à-dire les écrans au sens large. Lequel cadre commence parfois par un « C » majuscule ou minuscule, ce qui trouble gravement le lecteur attentif jusqu’à ce qu’il s’aperçoive, comme pour les trains qu’on ne voit pas venir, qu’un cadre peut en cacher un autre encore plus intrusif, encore plus asservissant.

Thème central du livre, la procréation ne serait-elle pas, elle aussi, la répétition à l’infinie des générations ? Revisitée par des techniques nouvelles, rendue encore plus anxiogène par le vécu du narrateur effrayé à l’idée de devenir père, lui dont le père aura été absent et la mère sérieusement centrée sur elle-même. Le roman pose toute la métaphysique de fond sur cet engagement décisif.

La trame narrative fait également la part belle à Marie, la compagne du narrateur, qui ne semble exister que du point de vue… de la procréation justement ; parce que dans ce monde nouveau, il faut encore recourir à des gamètes femelles pour enfanter (avant qu’une nouvelle étape technico-médicale ne permettent de s’en passer ?) Son désir d’enfant ouvre, dans un monde futur peut-être pas si éloigné de nous, de nouveaux horizons conceptuels au travers de recherches bien concrètes.

Au détour d’une phrase est évoquée une certaine Esther, dont on apprend beaucoup plus loin, (dans les mêmes conditions) qu’il s’agit d’un(e) logiciel(le). Si cette « interface « d’assistance émotionnelle » évite certes le risque d’enfanter, le recours à cet artifice de relations humaines se révèlera plus problématique que prévu...

Tout au long de la lecture, les interrogations du narrateur et les situations dans lesquelles ils se débat, dans une distanciation toute apparente, donnent lieu à des descriptions entrainant une douce hilarité digne d’un Woody Allen des grands jours, avant un flash-back à la tonalité plus grave et décisive pour le narrateur, interrompu par un retour à la réalité : un « produit » va être livré. Le « héros » va-t-il se défiler provisoirement ou… définitivement ?

Voilà comment Le Prochain Testament est un roman étonnant servi, par ailleurs, par une très belle tonalité stylistique.

Le Prochain Testament

d’Olivier Peraldi

Editions Orizons, 2020
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Quelle santé pour demain ?: Quand le numérique ..

un panorama général des changements apportés ou envisageables par le numérique dans le domaine de la santé par un collectif de spécialistes.

un ouvrage intéressant qui est une bonne première approche de des sujets qui fontt couler beaucoup d'encre en ce moment : le e-santé, les données de santé, le big data, la télémédecine...
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