Olivier Schwartz

Au moment de glisser quelques citations, j'aurais aimé lire sur ce livre des brillantes critiques qui m'auraient évité d'essayer de pauvrement le présenter...



Mais bon, je m'y colle, brièvement, en espérant ne pas négliger l'essentiel.



Olivier Schwartz est un grand sociologue discret des classes populaires. Il n'est pas de discussion sur le sujet où il ne soit cité malgré un nombre limité d'articles et plus encore de livres. Mais parfois il en suffit d'un pour faire date.



Cependant je vous préviens : c'est une somme, un pavé, résultat d'années d'observations dans une ville du Nord, au moment où la crise minière bouleverse le monde ouvrier dans la région, comme d'autres crises l'ébranlent partout.



Olivier Schwartz suit et retrace les parcours de plusieurs familles, la façon dont ils se représentent et font société. Ce n'est pas de la littérature, c'est un rendu rigoureux et minutieux qui demande une lecture attentive. Je pense qu'il faut être soi-même sociologue ou très vivement intéressé par le sujet pour s'embarquer pour des semaines dans ce livre peu flamboyant mais d'une grande intelligence, écrit sans afféteries et de ce point de vue accessible.



"Le monde privé des ouvriers" c'est à la fois l'intimité dans laquelle Olivier Schwartz mène ses observations et les transformations et tensions qui font imaginer à certains la disparition de la classe ouvrière, dans son sens historique sinon marxiste.



Et c'est en quoi le livre est une ressource importante pour essayer d'appréhender les mutations du monde ouvrier, plus ou moins noyé aujourd'hui dans la notion de classes ou catégories populaires.

Bref, les gens qui "ne sont rien", quand autrefois la classe ouvrière était "l'avenir du monde".