J’ai toujours voulu, rêvé, fantasmé un monde…drôle, simplement drôle, infiniment drôle.
Un monde sans éclats de rire est un monde sans éclat.
Tout devenait clair à mes yeux. C’est la soif de rire, une soif impossible à étancher, qui avait causé mon échec perpétuel en ce bas et triste monde. J’étais un drôle de zig qui n’avait jamais trouvé sa place dans le ridicule des open spaces, la pédanterie de l’écriture et la pesanteur de la politique. Tous ces milieux grenouillaient de cloportes amputés du risorius . Ils ne savaient pas rire. Tout juste parvenaient-ils à ricaner…Ah, le ricanement, cette maladie infantile du rire qui foudroie les gens sans cœur et sans talent et dont il faut être porteur pour travailler à la radio, à la télé ou pour performer sur youtube.gouv.fr. !
Voilà, c’était enfin dit. Le rire était mon idéal. Le rire avait toujours été mon utopie !
Sus aux grincheux, aux mauvais coucheurs, aux tire-la-tronche, aux pète-secs !
(…) Je ne dois pas me demander ce que j’ai envie d’écrire, mais ce que les gens veulent lire.
Exit déjà les best-sellers inaccessibles. N’étant pas un ancien sportif classé au palmarès des « personnalités préférées des Français » (je précise qu’on ne m’a jamais demandé mon avis à ce sujet), ni un homme politique retors en course pour un strapontin, mes mémoires ou mon projet pour la France de demain, n’intéresseront jamais personne.
Exit aussi l’autobiographie. Compte tenu des trente et quelques années que j’ai passées dans la quiétude du monde occidental, un simple CV pourra largement faire office d’autobiographie. (…)
Exit les documents ou témoignages. Je n’ai jamais été pris en otage, sauf par mon banquier ce qui est un autre problème, et n’ai jamais assisté à un événement historique. Dieu merci, le seul attentat dont j’ai été victime s’est déroulé sur un terrain de foot un dimanche. (…)
Seule et unique solution, la fiction. C’est déjà un bon début, je connais le point d’arrivée. Ne reste plus qu’à trouver le point de départ et le chemin, ou plutôt la ligne droite, histoire de la faire la plus courte possible