Quand il pensait à sa vie avant la drogue, il voyait un jeune homme blond à demi-nu, marchant sur une plage blanche entre l'eau sombre de l'océan et des rocs de granit semblables à des lions couchés. Cultiver de tels souvenirs lui semblait méprisable. Une vie sans drogues, c'était pour lui, matériellement et spirituellement, un point extrêmement lointain et plutôt méprisable de son passé, et qu'on ne pouvait distinguer qu'avec des jumelles, ou un télescope, pour découvrir finalement ce petit jeune homme sans importance se promenant sur une plage, par un jour d'été depuis longtemps oublié.
Je n'aime pas parler de guérison.
On n'est jamais guéri. Et le terme indifférence n'est pas compris pour les non malades.
Célestin, un de mes correspondants, dit :
"Ben, pour les non-malades, c'est leur état normal... C'est plutôt le penchant pour la bouteille qu'ils ont du mal à comprendre, le fait qu'on ne puisse pas s'empêcher de se torcher.
Ce sont les malades non libérés qui ont du mal à saisir le concept, tant il paraît inconcevable.
D'ailleurs les abstinents type AA c'est simple, tu leur en parles et aussitôt ils sortent leurs gousse d'ail et leur crucifix !"
L'abstinence pure et rude, telle que prônée par [les AA, Vie Libre, et la plupart des alcoologues], est une torture car l'envie est toujours là (80%).
Seulement 20% des alcooliques la tentent ; en effet ils savent que c'est ardu et qu'il y a seulement 10% de réussite. Cela ramène d'ailleurs un taux de succès à 2%.
Le baclofène par contre est tentant car on peut continuer de boire durant le traitement et que l'abstinence n'est pas obligatoire. En effet, on peut, une fois l'indifférence venue, avoir un consommation modérée. C'est ce qui ne plaît pas au abstinents, peut-être aussi par jalousie.
En France les études conduites montrent entre 60 et 80% de bons résultats et les autorités françaises n'auraient jamais autorisé le baclofène sans de très fortes présomptions de son efficacité, surtout après le scandale du médiator.
Ce n'est pas normal cette indifférence face à la bouteille d'alcool, quand on connaît l'intense relation amour/haine (plutôt amour immodéré) que je lui porte comme alcoolique.
Les "KLONGS" et les "IMPERATORS"
L'effet indésirable ne dure que le temps d'un flash juste au moment de l'endormissement, il faut en avoir conscience. Le "Klong", c'est comme une explosion dans le cerveau. Ca fait "klong" et c'est très désagréable. Ca empêche de s'endormir.
Les "impérators" sont des sentiments d'oppression. Des sensations d'étouffement comme après une longue apnée qui, impérativement, t'obligent à t'assoir en respirant un bon coup.
Les spécialistes en France pensent que la dépendance a une base neurobiologique, Renaud de Beaurepaire, qui prescrit depuis 2007 [du baclofène], a constaté que le baclofène marchait très bien chez plus de 60% de ses patients. Il faut parfois un accompagnement psy, ce n'est pas toujours nécessaire.