Parfois, incertains, des marigots de souvenirs qui pouvaient rappeler l’enfance, les autres, par un froncement de sourcils, le remettaient dans le droit fil. Les enfants n’étaient pas conviés à cette table. On naviguait en eau trouble, entre un passé vague et un avenir brumeux, dans un couloir sinueux qui pouvait faire office de présent.
Puis, à court de munitions, vin, cigarettes, paroles, on se plongea dans la contemplation des étoiles en soupirant, comme pour apporter un souffle d’air à cette nuit qui en manquait tant. Il faisait mal ce ciel, une vraie planche à clous. Jacques comptait les étoiles filantes mais en inventait beaucoup plus qu’il n’en voyait.
- Ce n’est pas une étoile filante, c’est un satellite.
- Tu crois, Pupuce ?
- Arrête de m’appeler Pupuce !... Je te dis que c’est un satellite !
- Peut-être bien, y a tellement de machins et de trucs là-haut qu’on sait plus.
- On dit qu’on voit des étoiles qui sont mortes depuis très longtemps.
- Un peu comme les gens, quoi.
- On dit qu’il en meurt une par seconde et qu’il en naît autant au même moment.
- Moi, je trouve que ça ressemble plus à une casserole qu’à une grande ourse.
- Comment ça tient en l’air, tout ça ?
- On voit bien les trous de la lune, non ?