Une vague de tendresse l’envahit. Sabine ne ressentait plus ce sentiment d’amour qui l’avait propulsée vers cette vie de couple avec Francis, elle s’en rendait parfaitement compte. Toutefois elle ressentait encore de l’affection pour lui. Et un peu de pitié, aussi. Elle n’ignorait pas que si elle avait été davantage conciliante au lit, plus compréhensive, leur union aurait vraisemblablement été plus équilibrée. Mais elle s’était entichée de Maxime, et les relations sexuelles avec Francis étaient devenues ennuyeuses.
Francis passait la majeure partie de la journée au siège de WebFrance , et délaissait Sabine, qui avait alors trouvé auprès de Maxime un refuge affectif. De fil en aiguille, ce qui devait arriver arriva : cette affection s’était peu à peu muée en désir sexuel. Du moins pour Maxime. Leur liaison durait depuis maintenant un an. Maxime avait bien tenté de convaincre Sabine de divorcer pour l’épouser, mais elle avait toujours refusé de quitter Francis. C’est vrai que la passion a disparu , lui expliquait-elle. Malgré tout, je l’ai aimé sincèrement, jadis, et je ne veux pas lui faire subir l’humiliation d’une séparation.
Sa passion du jeu fut sans doute le déclencheur principal. De tout temps, il avait aimé le jeu. Dès l’âge de vingt-et-un ans, il s’était mis à écumer les casinos. Roulette, blackjack, bandit manchot, tout y passait. Par la suite, ce fut les cercles de jeux. Notamment le poker, qu’il affectionnait par-dessus tout. Et il avait touché le fond en 1999, quand il avait commencé à intégrer des cercles de jeux clandestins.
Elle était décidée à tuer, c’est bien. Le tout, maintenant, était de savoir comment. Elle pourrait utiliser le pistolet que Batista avait conservé après avoir quitté son club de tir. Elle connaissait l’endroit où il le rangeait. Mais si elle tuait avec cette arme, la police découvrirait sans doute son origine, et Batista aurait de sérieux ennuis. Peut-être même serait-il accusé du meurtre.
Et puis, il y avait le sexe. Des relations intimes de plus en plus espacées, jusqu’à devenir pour ainsi dire inexistantes. Francis supportait difficilement l’abstinence. Néanmoins, il refusait de tromper Sabine. D’abord par conviction, mais aussi par intérêt. Tromper Sabine signifierait la fin de leur mariage, et donc la fin de WebFrance. Et il aimait cette start-up. C’était son bébé.
Dès le début, Maxime s’était senti attiré par Sabine : blonde, cheveux longs, des yeux bleu azur, une bouche parfaitement dessinée, un nez mutin, le tout monté sur un corps parfait, elle avait selon lui le physique de la femme idéale. Il aurait bien aimé faire un bout de chemin avec elle sur l’autoroute de l’amour. Malheureusement, elle avait refusé de monter en voiture avec lui…
D’autres affaires plus récentes étaient en cours, et la mort d’une prostituée il y a dix ans ne rentrait pas dans les priorités de la police judiciaire. Mais Colombani ne voulait pas lâcher. Si Sofia Dranello était une prostituée, c’était avant tout une femme, que l’on avait assassinée et lâchement abandonnée en forêt. Il n’avait pas le droit de laisser tomber. Meurtrière ou pas.
Quoi qu’il en soit, elle doit être impliquée d’une façon ou d’une autre. En tant que coupable ou en tant que témoin. Et si elle a disparu aussi soudainement, elle a certainement tout fait pour qu’on ne la reconnaisse pas ! Ceci dit, il faut tenter le coup. Mise à part la chirurgie esthétique, il est très difficile de changer totalement de physionomie.
Même si je veux bien reconnaitre que le destin nous joue parfois des tours. Par ailleurs, pour quelle raison le meurtrier, ou la meurtrière, aurait fouillé son domicile à ce point ? On cherchait quelque chose, c’est évident. Et si l’assassin avait uniquement voulu venger Laura, il n’aurait eu aucune raison pour tout retourner chez Sofia Dranello !
Elle ne devait plus être très jeune, mais elle était restée relativement jolie. Brune, avec des yeux bleus, elle portait une mini-jupe qui avait certainement dû coûter plus cher en couture qu’en tissu, et d’un tailleur blanc et vert mettant en valeur une poitrine imposante qui laissait libre cours aux fantasmes les plus lascifs.