AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Pascal Marichalar (2)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Qui a tué les verriers de Givors ?

Tout commence avec une histoire d’une triste banalité : une industrie bi-centenaire qui ferme pour les raisons de décentralisation et de logique boursière. Malgré une mobilisation pour préserver les emplois d’une vie, la verrerie a tout de même fermer, mais les verriers continuent de se voir pour parler du bon vieux temps. Qu’un tel a eu un cancer avant 60 ans. Un autre aussi. Et encore un autre… De cette accumulation finit par naître l’idée que, peut-être, les conditions de travail à l’intérieur de la verrerie y sont pour quelque chose.



Cet essai raconte le parcours du combattant qu’est la reconnaissance des maladies professionnelles, surtout celles qui n’ont pas encore été démontrées.



On ressort de la lecture avec l’impression d’un gigantesque dialogue de sourds, où chacun se cramponne à son domaine d’expertise sans vraiment chercher comment à comprendre celui des autres. Et les obstacles sont nombreux : les verriers doivent comprendre les compositions chimiques des produits qu’ils ont pu utiliser, les médecins (et surtout les cancérologues) ont bien du mal à comprendre les conditions de travail d’un verrier, la fonction publique aime les formulaires pré-remplis et devient vite dépassée quand on leur demande de créer des cases qui n’existent pas encore, les juges ne sont pas forcément au courant des méthodes de travail en médecine, …



Ajoutons à tout cela le caractère fondamentalement incertain des causes du cancer : les facteurs de risque sont nombreux, et prouver que sa maladie est due à certains produits chimiques utilisés dans le cadre de son travail plutôt qu’à la consommation de tabac ou de viande rouge est pratiquement impossible. Et c’est encore plus vrai s’il n’y a « pas encore assez » de morts prématurées pour dégager une vraie tendance.



Il faut donc être prêt à passer des années dans les tribunaux, entre procès, appels, cassation, débourser des frais d’avocats avec l’espoir d’être dédommagé au bout de la procédure, accepter d’exhiber toutes ses souffrances devant des armada d’experts qui vont parfois vous accuser de mentir ou de fantasmer.

On réalise alors sans peine que seule une communauté soudée, solidaire et déterminée peut atteindre le bout du chemin. Et même dans ce cas, désigner un coupable au milieu des fusions, acquisitions, faillites et reprises est un obstacle supplémentaire.



Clairement, on sent que la justice n’est pas prête à gérer ce genre de situations. Il faut une ténacité extraordinaire pour supporter les délais et les procédures marathoniennes. Ce n’est que quand tout le monde, victimes et responsables, sont morts ou au seuil de l’être, qu’on finit par avoir le fin mot de l’histoire.
Commenter  J’apprécie          140
Qui a tué les verriers de Givors ?

Une enquête sociologique sur les verriers de Givors expose la difficulté à faire reconnaître les maladies professionnelles. Ce n’est qu’au prix d’une lutte juridique acharnée et de collaborations entre ouvriers et scientifiques que la vérité a pu être rendue publique.
Lien : http://www.laviedesidees.fr/..
Commenter  J’apprécie          10


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Pascal Marichalar (12)Voir plus

Quiz Voir plus

Compléter les titres

Orgueil et ..., de Jane Austen ?

Modestie
Vantardise
Innocence
Préjugé

10 questions
20286 lecteurs ont répondu
Thèmes : humourCréer un quiz sur cet auteur

{* *}