Les rues de Paris se sont laissé doucement porter par le fil du temps et des époques. Elles sont arrivées jusqu'à notre ère pratiquement sans dommages. Rien de tout cela dans ma rue. Elle est faite de fractures. De déchirures brutales. Elle est une superposition d'époques, l'une effaçant presque entièrement le souvenir de l'autre. Sur le trottoir du numéro 11, les passants trébuchent encore sur le trou de bille, l'encoche creusée dans la dalle par un obus durant les derniers combats d'avril 1945. Les gamins de la rue y parquaient leurs billes dans les années 50.