Me voici l'heureux propriétaire-collectionneur de ce qui est sans doute le premier topo-guide d'escalade du Saussois (1971).
Falaises mythiques qui ont, après Fontainebleau, préparé les parisiens aux escalades les plus difficiles en montagne. Qui ont été aussi le lieu d'une révolution, pleine de bruit et de fureur, quand les jeunes loups ont déclaré l'escalade libre, retirant sans concertation les pitons sur lesquels leurs aînés se hissaient.
Ce petit livret, édité par le Vieux (campeur), comme on n'abbréviait pas encore, garde la trace de ces combats : « D'autre part, le nombre de pitons marqués ne constitue qu'une indication et il faut rester prudent car une voie artificielle peut en un week-end être transformée en une voie de libre. Alors méfiez-vous de l'emplacement des pitons ».
Un autre débat très animé, que je croyais légèrement antérieur, apparaît aussi dans l'introduction :
« Les cotations.
C'est le sujet délicat de ce guide. Elles résultent de l'avis de plusieurs grimpeurs habitués des falaises Du Saussois et de la haute école en général. Néanmoins la cotation a été alignée sur les voies les plus dures. Il en résulte que les cotations sont « chères » et surprendront peut-être certains grimpeurs habitués à des escalades faciles dans les autres massifs bourguignons (à l'exclusion de Surgy).
En fait le problème était simple : ou dévaluer l'ancienne cotation ; ou introduire le septième degré...
J'ai préféré la première solution. »
Finalement, c'est l'autre solution qui a prévalu, le septième, le huitième et le neuvième degrés sont apparus, fruits de l'audace et de l'entraînement.
A part sa valeur historique, ce petit volume cartonné est un topo typique de l'époque : croquis et description des voies, renseignements pratiques... la routine, quoi, avec un peu plus de publicité que la moyenne, éditeur oblige. Et bien sûr il vaut mieux se renseigner ailleurs avant d'aller palper le calcaire bourguignon.
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