texte © Pat Ryckewaert, tous droits réservés
musique, instruments, voix, mise en images © Franklin Hamon, tous droits réservés
Viens creuser dans ma terre
avec ta force vive jusqu’à ma source
t’enfouir au plus tendre
et prendre racine au plus fertile de ma chair.
Viens sentir le feu et tout ce qui palpite
en dessous de ma peau.
Sois l’engrais et l’abondance
l’effervescence et le rythme
ressens ce qui respire et pousse
comme un élan de vie, ce qui résiste aussi
ce qui s’essaie à venir du fond de moi
sois l’énergie et la fusion
et renverse le ciel au-dessus de nous.
Le souffle de l'eau et les éclats du jour
traversent les fissures de la pierre
et glissent vers les bouches
ouvertes du monde
alors tu
souris
toi
Là est
ce qui est
ce qui bat
ce qui balbutie
ce qui se dresse
ce qui lutte
ce qui butte
ce qui se tait
ce qui se terre
rien n'est
que cri
de colère
enfoui
rien
n'est
que
JAILLISSEMENT
de nous
Miyako rêve
de changer
le monde
d'en faire un
tout petit
tout tendre
et tout chaud
qu'elle puisse
prendre dans
ses bras
et consoler
* Pour ma croco...
Je suis toutes ces ruptures qui font l'équilibre
tous ces frôlements qui font le désir
et tous ces bras ouverts qui font la consolation
les mots battent dans ma gorge
entaillent ma poitrine
pour laisser passer le souffle
et mes ailes se défroissent pour t'accueillir
Je n'ai pas peur
je suis une femme
Que restera-t-il de cet amour-là
sursaut du dernier souffle?
rien que des mots aux vents jetés
des rêves accrochés aux cheveux blancs des vagues
aux gris épais du ciel
le goût salé des lèvres, le soleil en ciré jaune
et le sable entre les doigts tremblants
des semailles infertiles en haut des falaises
et des miettes à moineaux affamés.
Les cormorans sont déjà loin.
Un papillon sur les cils comme un poème
elle se fait croire à l'envol éternel vers l'absolue rencontre
en oubliant qu'il est si près d'être minuit.
Chaque jour
elle recueille les confidences du ciel
et tout ce qui bat autour
comme un peu d’eau dans la bouche
une vérité belle et douce à entendre.
Le regard levé à frôler la lumière
à enlacer le jour
elle est cri en dedans
elle écrit de la poésie qui sent la terre
et toutes les fleurs de peau
dans sa boîte elle empile les images
et les anges
colore le monde comme elle le voit
se tient en prière
les yeux et le cœur grands ouverts
vers ce qui vient et vibre
immobile et silencieuse
ranimée par le souffle céleste
celui des mots et du mouvement des corps
On a beau vouloir tenir
écarquiller les yeux
il arrive que l'espérance renonce
que le ciel se détourne
qu'il n' y ait plus d'amour
juste quelque chose de soi
qui appelle à être su
la langue d'avant les mots
tressaillement dans la gorge
et les muscles.
On peut bien continuer
de faire comme-ci
de se sentir fort
on glisse vers le soir
les corps se couvrent
de mousses et d'insectes
affalés dans leur nature humaine
ils pourriront bientôt
une main de nuit
appuyée sur la douleur
avec dans sa paume fermée
un soleil.
Des nervures sur ma peau
à dire le temps et la sève écoulés
et sur mes longs cils
les sédiments d'un fleuve
et quelques chagrins fossiles.
Je viens de loin
le coeur et les pieds blessés
je viens de loin
l'oeil clair à percer la nuit.
Je viens de toutes mes enfances
comme je reviendrais des abysses
avec ma foi intacte dans le jour d’après
et dans l’ici avec toi, au blotti de nous
je bâtis des passerelles vers les autres et le ciel.
Des nervures sur ma peau
à dire le temps et la sève écoulés
et sur mes longs cils, les sédiments d'un fleuve
et quelques chagrins fossiles.
Je viens de loin, le coeur et les pieds blessés
je viens de loin l'oeil clair à percer la nuit
je viens de toutes mes enfances
comme je reviendrais des abysses
avec ma foi intacte dans le jour d'après.