Patrick Demouy

La première pièce que l'historien peut verser au dossier de Clovis est la lettre que lui adressa le métropolitain de Reims lors de son avènement. C'était une démarche "légaliste". Dans le cadre d'un empire chrétien le premier ecclésiastique de la province saluait celui qui avait la charge de l'ordre public,passant outre son paganisme, ils étaient des interlocuteurs obligés. Remi s'adressait tout à fait officiellement à un magistrat en lui donnant le titre de "vir magnificus"auquel il avait droit,au second degré de la hiérarchie administrative, cette expression n'était pas flagornerie mais usage des prédicats protocolaires. Parlant à Clovis de sa province,évoquant son prétoire,c'est-à-dire la résidence du gouverneur,et surtout se rangeant parmi ses évêques,Remi lui proposait une loyale soumission sur le plan temporel,en échange du respect que le jeune roi était invité à témoigner aux prélats. Fort habilement le métropolitain,avec le bénéfice de l'âge et de l'autorité spirituelle,donnait des conseils de bon gouvernement avec un programme de vertus à pratiquer,à la lumière de la justice et de la charité.

la fameuse comparaison avec la forêt, qui devait devenir un stéréotype. Chateaubriand donne le thème : « Les forêts ont été les premiers temples de la divinité et les hommes ont pris dans les forêts la première idée de l’architecture... Ces voûtes ciselées en feuillages, ces jambages qui appuient les murs et finissent brusquement comme des troncs brisés, la fraîcheur des voûtes, les ténèbres du sanctuaire, les ailes obscures, les passages secrets, les portes abaissées, tout retrace les labyrinthes des bois dans l’église gothique, tout en fait sentir la religieuse horreur, les mystères et la divinité. »

les hommes de ce temps (âge d'or 1140-1280) ont remué, en trois ou quatre générations, plus de pierres que les Égyptiens en quelques dizaines de siècles...

Renaissant chaque aurore, elle m'était fidèle, tout habillée de saints , de rois, de héros, et d'anges à mi-vol, comme un arbre d'oiseaux (citation reprise de Paul Fort in "La Cathédrale de Reims", 1914)