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Citation de PATissot


Qui sauve un homme sauve le monde.

Sur notre route, nous rencontrons aussi des individus ou des familles qui ont sauvé des Juifs. Beaucoup d’entre eux ont été dénoncés, torturés puis fusillés.
Je me souviens de Galina Boulavka, sa mère Anna était revenue de Saint-Pétersbourg très malade. Elle voulait mourir chez elle, dans sa ville natale, à Lubomil près de la frontière polonaise.
Un jour d’avril 2007, alors que nous sommes sur le marché à rechercher des témoins, Galina nous aborde : « Venez vite, ma mère va vous parler, venez vite, peut-être qu’elle va mourir. » Elle nous conduit rapidement devant une maison toute peinte de bleu qu’elle ouvre avec une grosse clé. Nous enlevons nos chaussures pour nous retrouver au chevet d’une dame très âgée, entourée de portraits de son enfance et de son adolescence. Sa vie paraît ne plus tenir qu’à un fil. Elle semble nous attendre, attendre de parler enfin avant de partir. Nous installons nos caméras, gênés de pénétrer dans l’intimité d’une mourante. Sa fille, consciente de notre hésitation, se tourne vers moi : « C’est important, ma mère veut que ça se sache ! » La vielle femme, elle, pouvant à peine relever la tête de son oreiller, marmonne qu’elle ne sait plus, qu’elle n’en peut plus. Alors sa fille arrache du mur, l’une après l’autre, violemment, les photos de sa mère. Elle les brandit sous ses yeux en suppliant : « Maman, maman, souviens-toi, souviens-toi ! » Et la mère et la fille, en pleurant, se souviennent et racontent.
Elles avaient cachés une adolescente juive dans la maison. Elles l’ont cachée pendant des semaines. Toute la communauté juive du village avait déjà été fusillée. Mais cette jeune fille n’en pouvait plus de rester enfermée et, un jour, elle est allée jouer dans la cour, devant la porte de la maison. Des Allemands sont passés dans la rue, ont vu que la jeune fille était juive et l’ont fusillée contre la porte d’entrée de la cuisine.
La mère mourante, en pleurs, se tait, comme délivrée. La fille nous dit : « Maman tenait à ce que cela se sache avant de mourir. Pour nous, ça été un drame que cette jeune que nous avions cachée soit assassinée si sauvagement contre la porte d’entrée de notre maison. » Je repars de chez elles en pensant à la barbarie sans bornes que tous ces gens ont subie, Pas une rue, pas une maison qui ne soit meurtrie, sanglante et ensanglantée.
La Shoah par balles, ce sont aussi ces femmes, ces enfants qui se cachaient, sortaient pour mendier de la nourriture dans les villages. Et puis un jour, une dénonciation ou un Allemand qui passe et c’est l’assassinat qui est perpétré. Tuer un Juif était un acte banal, licite, autorisé, encouragé, qui correspondait aux directives du Reich. Protéger un Juif conduisait à la peine capitale.
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