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Citation de Bruno_Cm


Cette notion de croyance a bien été illustrée par l'histoire des implantes de disulfirame. Le disulfirame est un médicament donné préventivement aux alcooliques afin de les dissuader d'absorber leur toxique favori. Boire dans les vingt-quatre heures qui suivent son administration, ne serait-ce qu'une seule goutte d'alcool, provoque un malaise extrêmement pénible avec rougeur, sueur, vertiges, nausées et vomissements incoercibles. Il se produit également une accélération du pouls et une augmentation de la tension artérielle pouvant même rendre l'absorption dangereuse. Le problème, c'est que les alcooliques ne sont pas toujours raisonnables et que, parfois, ils oublient, le matin, d'avaler leur "chien de garde", de façon à pouvoir picoler impunément dans la journée. Certains médecins ont du coup imaginé la technique des implants. [...] Au bout d'un an environ, le changement d'implant était programmé,le médecin réincisait la peau, parfois au même endroit, discret et relativement indolore, pour replacer quelques comprimés de sagesse. S'ils n'étaient pas trop enkystés, il découvrait alors que les anciens comprimés étaient absolument intact, preuve que l'absorption de disulfiram était nulle : il s'agissait d'un pur effet placebo. L'ennui, c'est qu'au bout de quelques années, plus personne n'a cru à l'effet retardé des implants [...] la technique s'est mise à ne plus marcher. La conviction des implanteurs n'était plus suffisante. Il m'arrive encore de recevoir en consultation certains alcooliques, anciens implantés, qui me réclament avec insistance leur "chien de garde sous-cutané", et je dois dire que je déplore amèrement, tout en palpant leur organe hépatique tuméfié, de plu avoir moi-même de foi.
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