Bancs publics
Où sont, Georges, les bancs publics
Des amoureux de la tendresse,
Des amateurs de la paresse, Connaissant les vrais ombilics
de Paris la tigresse ?
Les bancs sont tous déboulonnés
afin que la foule circule
Sans fin, sans conciliabule,
Sans vivants regards étonnés
D'un Paris-libellule.
Le bois des bancs réchauffa -t-il
Les gueux qui dorment sur la grille
D'un vieil enfer qui les étrille
Sans un siège pour le babil
De Paris la godille ?
Où sont Brassens, les bancs publics
Sous les arbres des doux ombrages
qui nous préservaient des outrages
Des croquemitaines, des flics
De Paris les orages ?
Sachons inventer pour demain
D'autres bancs de tendresse,
d'autres bancs de sagesse
D'un Paris qui perd son chemin...(p.78-79)