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Critiques de Patrick Saurin (2)
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Les prêts toxiques, une affaire d'Etat : Comm..

Il n’y a pas d’obligation absolue et inconditionnelle à rembourser les dettes de l’État, des collectivités et établissements publics



L’auteur présente son livre : « Dans un souci d’exhaustivité et d’objectivité, il expose et analyse le point de vue de tous les acteurs concernés en reprenant souvent leurs mots pour rester fidèle à leur pensée. Ces points de vue pluriels et complémentaires s’organisent autour de cinq grandes thématiques : – le mécanisme des prêts toxiques ; – les effets des prêts toxiques ; – les responsabilités des différents acteurs ; – les carences du cadre législatif ; – les actions contre les prêts toxiques ».



En 1973, le gouvernement adopte une loi qui « interdit au Trésor public d’emprunter directement à la Banque de France à des taux d’intérêts nuls ou très faibles », cette disposition sera reprise dans les traités européens. En 1976, c’est la « libéralisation » (terme inadéquat, car il s’agit d’obliger les recours aux marchés) en matière de recours à l’emprunt pour les collectivités. En 1982 la loi de décentralisation « accorde la liberté d’emprunter aux autorités décentralisées, dispensées désormais du contrôle a priori de l’autorité de tutelle ». En 1984 la loi bancaire met fin « à la spécialisation des banques ». Comme le souligne Patrick Saurin : « Il est intéressant de relever que les mouvement de déréglementation touche simultanément les banques et les collectivités pour les amener dans la sphère des marchés financiers régis par la loi du profit ». Nous sommes ici loin des légendes du marché atemporel et quasi « naturel ». C’est bien l’État, les gouvernements par choix politiques néolibéraux, qui produisent les conditions du fonctionnement de ces marchés. Les États ont développé des instruments pour limiter les choix démocratiques des citoyen-ne-s.



Il convient d’ajouter que la notion de « juste valeur » en comptabilité a été imaginée et construite par de nouvelles normes comptables, les normes IFRS, permettant l’actualisation en permanence de la « valorisation » des actifs, assurant ainsi la fluidité des transactions sur les marchés financiers, le tout pour le seul intérêt des actionnaires (Voir ce sujet, le livre dirigé par Michel Capron : Les normes comptables internationales, instruments du capitalisme financier, La Découverte 2005).



Nous n’en avons pas fini avec les prêts toxiques, les montages financiers qui grèvent les capacités des institutions publiques locales.



Depuis plus de vingt ans le Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (CADTM) montre comment la domination des peuples du Sud est organisée via la dette illégitime. Dans les pays du Nord, « le système de la dette publique est un subtil mécanisme de transfert de richesses du plus grand nombre vers quelques riches détenteurs de capitaux, mécanisme qu’il est urgent d’abolir ». Le « robin des bois » néolibéral vole les pauvres pour redistribuer aux riches !



Dans son livre, Patrick Saurin examine le financement des collectivités locales, les montages hasardeux, les prêts toxiques et insiste sur le fait qu’il « n’y a aucune obligation absolue et inconditionnelle » aux remboursements. D’où « La mise en place d’un audit des dettes publiques pour identifier ces dettes illégitimes est donc tout à fait pertinente ».



Dans ce livre très détaillé, l’auteur analyse, entre autres, les « produits structurés » se transformant en « produits toxiques », voir en « prêts extorquants » ou « prêts léonins », la dissociation des contrats « de couverture » de l’opération couverte (les instruments dérivés), les bonifications de taux les premières années et leur envolée dans le temps, les clauses exorbitantes et très dissuasives de sorties (soulte). Il met l’accent sur le caractère spéculatif de ces opérations, le transfert du risque sur les emprunteurs, la dissémination de la toxicité par la titrisation, l’absence de transparence, et le rôle particulier de la banque DEXIA.



Patrick Saurin aborde les responsabilités des différents acteurs, « les élus entre crédulité, incompétence et turpitude » ( éventualités de « délit de corruption passive et de trafic d’influence », « délit de prise illégale d’intérêts » et pour les banques « délit de corruption active »), le trésorier-payeur démuni, le préfet pas informé, la chambre régionale des compte en difficulté ou l’État aux abonnés absents… En somme, des opérations bancaires sans contrôle. L’auteur explique pourquoi le cadre législatif est défaillant et comment les établissements financiers n’ont pas respecté leurs obligations en matière de déontologie. Il revient en détail sur les conditions « nécessaires » des contrats : bonne foi, absence de dol, consentement, capacité de contracter, détermination de l’objet et cause licite de l’obligation…



En absence de ses conditions, les collectivités peuvent agir au civil ( les prêts peuvent être annulés, des dommages-intérêts envisagés), et au pénal (délit d’escroquerie).



L’auteur présente des textes circulaires qui encadrent, entre autres, la protection du client non-professionnel et son information complète, ou le rappel des risques inhérent à la gestion active de la dette. Il souligne l’absence d’un taux d’usure. Il n’oublie pas d’indiquer que « le secret bancaire est incontestablement un obstacle à la bonne compréhension du problème des emprunts toxiques et à la mise en œuvre d’une solution ».



L’état des lieux est plus que préoccupant. Patrick Saurin n’en reste pas au constat, à l’analyse de la situation mais développe sur les actions possibles à entreprendre et sur celles déjà entreprises. Il revient sur le fait qu’une « part significative de la dette des collectivités est suspecte d’illégalité ou d’illégitimité » ce qui permet de revendiquer son annulation, d’où le rôle nécessaire des collectifs locaux pour un audit citoyen de la dette publique.



Deux clins d’œil facétieux, mis en épigraphe : « Bien souvent le criminel n’est pas à la hauteur de son acte : il le diminue et le dénigre » (Friedrich Nietzsche) et « Il est notoire que, dans l’histoire réelle, c’est la conquête, l’asservissement, la rapine à main armée, le règne de la force brutale qui ont joué le grand rôle » (Karl Marx). En conclusion l’auteur revient sur ce que ses analyses ont mis en évidence, sur la responsabilité des dirigeants des banques : « une véritable arnaque, avec cette circonstance aggravante qu’il s’agit d’une opération préméditée destinée à augmenter leurs marges de façon cachée, à multiplier les volumes sur lesquels pratiquer ces marges par des politiques agressives de réaménagement d’encours, à transférer leur risque sur les collectivités au moyen de soultes prévues dans les contrats et à rendre captifs les emprunteurs pris au piège de cette machinerie infernale ». Patrick Saurin préconise, entre autres, la définition d’un cadre réglementaire, la limitation des possibilités d’emprunt, la transformation de la totalité des prêts structurés en prêts « classiques », la possibilité de prêt directs, à taux zéro ou faible, par la Banque centrale à l’État et aux collectivités publiques locales, la réservation du recours à l’emprunt à la seule compétence des conseils et des organes décisionnels et non à leurs représentant-e-s…



Sans oublier la discussion nécessaire sur la toxicité du capitalisme lui-même.



En annexe, outre des exemples, les citoyen-ne-s trouveront deux textes détaillés sur « Auditer la dette de sa collectivité (et des établissements publics) grâce au droit à l’information » et « Auditer la dette de son hôpital public grâce à ses représentants salariés et au droit à l’information », les élu-e-s un « Modèle de délibération sur le financement des acteurs publics locaux ».
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Les fleurs de l'intérieur du ciel : Chants de..

Critique de Jean-Yves Masson pour le Magazine Littéraire



Ce livre illustre bien la collection « Merveilleux » des éditions Corti, l’une des entreprises éditoriales les plus originales d’aujourd’hui : c’est, en effet, une merveille ! Merveille de goût et d’intelligence poétique du traducteur, Patrick Saurin, qui, dans ses commentaires à la science sûre et légère, sait nous amener à entendre dans ces chants de l’ancien Mexique une des manifestations les plus pures de l’essence de la parole poétique, en nous montrant, par un jeu subtil de citations et de références, les affinités électives qui relient ces poèmes composés il y a cinq ou six siècles par des princes des hauts plateaux de l’Amérique centrale à quelques-uns des plus beaux textes de la tradition occidentale (de Jaufré Rudel à Rilke, de Bertrand de Born à Rimbaud), et même à certains poèmes japonais. Ce n’est nullement là une tentative de réduire à du déjà-connu l’originalité de ces quinze « chants », vestiges d’une civilisation assassinée par l’hispanisation et la christianisation forcées : c’est au contraire nous faire entendre à quel point ce qui a été détruit était un trésor poétique de portée universelle. Quinze chants donc, recueillis par des religieux espagnols à partir de sources orales au temps de la conquête, et dont la simplicité, la beauté, jaillissent comme une évidence de cette traduction qui en restitue la miraculeuse splendeur.

Au contraire d’autres langues irrémédiablement disparues (plus d’une centaine lorsque commença la colonisation en 1519), le nahuatl, qui était utilisé dans tout le Mexique du fait de l’extension des conquêtes aztèques, est encore parlé aujourd’hui par un million et demi de locuteurs, au Mexique, au Nicaragua, au Guatemala. C’est une langue agglutinante dont la particularité rare est de ne pas distinguer les verbes des noms, tout mot pouvant être utilisé comme prédicat. Il en résulte une vision du monde bien différente de la nôtre. La poésie nahuatl ancienne qui nous est parvenue témoigne d’une simplicité, d’une ferveur miraculeuses, avec ses cris extatiques et ses onomatopées d’invocation que la traduction respecte, indices d’un rituel à jamais perdu mais qui nous reste imaginable : toute citation partielle que j’en pourrais faire ici paraîtrait dérisoire, car il faut lire ces chants à voix haute pour en éprouver la continuité dansante. Que ces vestiges d’un monde disparu nous deviennent accessibles par des livres tels que celui-ci est la preuve, s’il en fallait, que la traduction n’est pas une simple opération linguistique, mais un acte spirituel. Une expérience d’une rare intensité.
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