Citations de Patrick Wateau (19)
On emporte la peau
les os
les pièces
de chair
Le monde s’arrête dehors
Le bruit d’une feuille
tombe
sur une autre feuille
L’âge du temps
fait allonger les ombres
le tremblement de tout
avec rien
autant
de
fois
que tout change
extrait 2
Le froid serré la peau contre la chair
Qu'il me souvienne
de plus
loin
plus que moins
Les bruits des tôles frottées les unes contre les autres
Violée-piolée par l'eau
la neige tombe au-dessous
de la neige
Double danger de l'oeil
et du bâton frappé
L'air est ce rien
cet endroit du poumon
et toujours quatre chaises
en une seule racine
Le vent la poussière
en si peu de temps
Le monde est-il de niveau ?
Hure des chiens
le long des chiens
avec chiens de bure
dans l'échange sucrier
Tous dans l'alignement des mires
L’inexistence n’implique pas
L’inexistence n’implique pas
Elle résoud le sang mort
Elle se regarde
avec sanie
chassie
boyau
qui parle
comme une bouche
Une à néant
Encore moins terre que dessus
le ciel dessous
est comme pluie et neige
La fin touche à sa fin
En attendant ce jour
le bord n’environne plus
Chose arcane la chose
pour n’avoir que chardons
noix vertes
perdrix
Quelque chose gît à chose
L’instant se diminue avec l’infini
Un seul poids de senteur
pour vie de revenance
Veuille ou non ?
De quoi font part
les lamelles
de
moelle ?
Depuis toujours
l’histoire use le temps
Veuille ?
Se rappeler combien
de préhistoires
et qu’on ignore
quel prochain vent
à oublier
de loin
le trop lointain
Temps perdu par les yeux
Le sort lui-même
tiré
au sort du Sort
De longtemps
le hasard jette le hasard
comme s’il venait
du
dé
à
coudre
d’où viennent d’autres hasards
Seul un Destin
est
le pendant
exact.
Le sort
– moindre de perdre
comme c’est une perte
de fendre
transi des yeux
De défendre sa peau
La souche noircit
au point nageur
sans même le fleuve
à sentir les deux fois
Au-delà
ça calcine
et s’inverse
en plus lourd
crypte plus lourde
En erratique.
L’ongle
tourne sa main
trouve écrit l’antécrit
quelques livres à travées
insérant le mordant
mordant
mordant plus droit sur une pile de brûlures
extrait 1
Chasse à l'homme traqué avec chien au ralenti
Le fagot d'air
sans air
ni fagot
sans chien au ralenti
Avec des bâches de même appartenance
Tête traitée pour os
le bruit de guerre
grandit le bruit
de l'enfant mâle
et l'extermination de lui
traîné à la voirie
La fin ne voit pas
la fin
elle souche serrée
contre les poings fermés
Elle ferme ne sait plus
où elle ferme
…
Un même
squelette
succède
à
ce
qu’ampute
l’amputé
Si le temps est venu
que jamais ne passe le temps
Les os n’ont que les os
et la neige qu’elle a
de blanchir
Communément la mort
étau
vers ce point
où
s’il est le corps
pire est
d’avoir de la découpe
-
La fin de voit pas
la fin
elle souche serrée
contre les poings fermés
Elle ferme ne sait plus
où elle ferme
Ossature
Ossature
dans le trait
ensevelir jusqu’à l’hurlante
chaque coudée sous terre
[…]
Au testament de vie
les énigmes s’échinent
en audiences hargneuses
Les unes raclent les autres
quand le pied se retire de la jambe
Raclements
quand la jambe se retire du corps.
Si l’hénologie négative cherche à identifier l’Un au-delà de l’être, sans être et sans condition, sans même d’hénologie, la condition humaine renvoie malgré tout à ce qui fait exister sur terre ( poème tolmique autant qu’exérétique , en sachant que cette part se déplace du champ simplement poétique vers une autre simplicité.
Est-elle vivante
l’épreuve
de
se purifier ?
De prendre le teint de l’os
avec une virginité ?
Elle est une respiration faite séparation.
Autant le Grand Jeu se voulait métaphysique, autant le néoplatonisme est une mystique expérimentale, expérence mystique relancée par la transcendance ineffable. Si le Principe n’est plus vivant que dans le sens dynamique de son unité transcendante, l’expérience de cet infini est d’abord l’expérience par laquelle l’Un manque essentiellement.
( Tome 1, p. 315 )