79.
Donne ta langue. Pieds contre le mur.
je viens nager dans tes larges rivières…
nager jusqu’à ton cœur déjà mûr
pour qu’il coule, coagule, s’éviscère…
/Traduction de l’italien de Paolo Bellomo et Camille Bloomfield
50.
Chacun de mes sens en chaque sens est plongé,
adieu, dit chaque cellule à chaque cellule :
à travers l’univers je suis resignifiée,
je suis une algue, une aile de libellule.
/Traduction de l’italien de Paolo Bellomo et Camille Bloomfield
66.
Regarde bien ce que me fait le temps :
il entraîne ma ruine, m’assassine…
mais je me sens toujours, la nuit tombant,
une âme enfantine, adamantine.
/Traduction de l’italien de Paolo Bellomo et Camille Bloomfield
Requiem
XVI
Sur la blancheur de givre en flocons lents,
se perd un peu de neige silencieuse ;
tu avais une ombre noire devant,
et chaque jour t’enlevait quelque chose…
Il fait si froid, je suis là te couvrant,
toi tu poursuis ton ombre mystérieuse,
ce papillon vif, oppressant, et noir,
cette neige, tu n’as pas pu la voir.
/ Traduit de l’italien par Christian Travaux
Requiem
XVII
Que de clarté, de jeunesse perdues,
de vert, avec la neige sur les cœurs,
oh toi, mon père qui ne souris plus,
pour qui n’importe plus rien d’extérieur…
Plus en hauteur, plus clair, et au-dessus,
sur le noir vif de toutes les douleurs,
se tient ton cœur qui neige, je le sens,
sans une plainte, ainsi, très lentement.
/ Traduit de l’italien par Christian Travaux
Requiem
XV
Et le cœur saigne, ainsi se perd le cœur
goutte après goutte, et on pleure en dedans,
goutte après goutte, ainsi, oh sans clameur,
et lentement, tellement lentement,
se perd, goutte après goutte, tout le cœur
et les pleurs restent, ici, en dedans,
les yeux ne pleurent pas, les larmes vraies
sont invisibles, là, dans la pensée.
/ Traduit de l’italien par Christian Travaux