Mais on ne passe pas par-dessus un viol, on ne le laisse pas derrière soi, on le porte en soi. Le viol n'est pas la vie, ce n'est pas la mort non plus: c'est leur annihilation pour créer un état de stagnation. L'inceste crée une perte de repères, et on gravite autour d'un père qui nous confectionne une représentation du monde qui rend toute naturelle l'abdication. Dans cette représentation, notre douleur n'existe pas. Nous n'existons pas. Les violeurs doux brillent de notre silence, ils brillent de notre absence. Ils savent qu'on s'accroche à la moindre chose qui nous rappelle notre innocence.