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4.06/5 (sur 17 notes)

Nationalité : Canada
Né(e) à : Montréal , 1980
Biographie :

Pattie O’Green (un pseudonyme) est historienne de l'art, horticultrice-arboricultrice, forestière urbaine, yogini et écrivaine québécoise.

Elle publie "Mettre la hache. Slam western sur l’inceste", aux Éditions du Remue-Ménage en 2015. Ce premier livre regroupe des billets de son blogue éponyme ainsi que du contenu inédit.

Son deuxième livre, "Manifeste céleste. Aventures spirituelles en bottes à cap" est publié aux Éditions du Remue-Ménage en 2021. Ce livre fait partie des références pour l'écoféminisme. "Les prophéties de la Montagne", son troisième livre, sort en 2023.

Pattie O’Green a participé à divers ouvrages collectifs et elle a créé et cocréé des fanzines et des œuvres hypermédiatiques dont le jeu vidéo "Retraite rebirth" pour la revue "Mœbius".

son site : https://patty0green.wordpress.com/
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Il faut mettre la hache dans le doute parce qu’on pense que le fait de croire les victimes, ça compromet notre belle justice, comme si on allait conséquemment user de malice. Il faut faire preuve de considération et cesser cette «culpabilisation par le soupçon» (Françoise d’Eaubonne). (...) Il faut mettre la hache dans le doute parce que dénoncer l’inceste, ce n’est pas une libération, ça ressemble plus à un enrôlement. C’est tout notre univers qui revire à l’envers.(...)Il faut aussi mettre la hache dans la prudence, cette fausse protection qui amortit. Elle enlève de la force comme de l’énergie en confondant la responsabilité et la culpabilité. Il faudrait pouvoir dénoncer, surtout si notre agresseur continue de violer, sans que la dénonciation soit une accusation, sans qu’il faille se rendre au tribunal, où on laisse trop souvent notre peau.(...) Il faut mettre la hache dans la prudence parce qu’il ne revient pas à celles qui ont mangé les coups de réfléchir aux contrecoups de leurs allégations. Ces femmes qui meurent d’envie de se révéler et qui ne le font pas pour prévenir un danger.(...) Il faut mettre la hache dans les préjugés parce que trop souvent on nous demande si on ne l’a pas un peu cherché. De toute manière, on n’a rien dit, on n’a pas bougé, on a accepté durant tant d’années. Comme si on avait pu déjouer celui qui nous a tout appris, comme si on avait choisi d’être mal parties dans la vie.
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Si seulement le violeur doux pouvait avoir des cornes, on ne pourrait plus faire comme s’il n’existait pas. Mais il a deux yeux, un nez, une bouche. Il mange, il travaille, il se couche. Le violeur doux est charmant, le violeur doux est cohérent. Il te dit bonjour le matin et peut-être même que tu l’invites à manger chez toi. Comme c’est horrifiant! Non. Ça ne l’est pas. C’est comme ça. Tout le monde côtoie un violeur doux. Tout le monde aime au moins un violeur doux. Je l’ai même déjà vu passer à la télévision: il défendait des causes avec beaucoup de convictions. Il s’opposait farouchement au harcèlement sexuel et il se disait dégoûté par les agressions sexuelles. Le violeur doux est peut-être même féministe, en tout cas, il supporte rarement les injustices et il aime ses enfants, il les aime tellement. Il en parle tout le temps. Il s’en ennuyait la dernière fois que vous avez passé la fin de semaine au chalet. Le violeur doux te faisait rire, il est tellement drôle, le violeur doux.
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Nos luttes ne sont pas de vaines bagarres, comme ils veulent bien nous le faire croire. Comme les rituels qui honorent la nature, les luttes révèrent la conscience de l’existence, la conscience de la souffrance. Elles ouvrent des espaces pour respirer, pour penser, pour exister. Elles créent des organismes, des communautés, des ouvertures d’esprit qui ne sont pas des «fractures du crâne» (Ariane Moffatt). Ces luttes ne sont pas de simples batailles contre l’oppression, ce sont avant tout des actions énergiques pour une libération de soi comme de la nature, car «je ne supporte l’idée d’une lutte que si elle se jette, comme le fleuve dans la mer, dans le combat pour la Totalité» (Françoise d’Eaubonne).
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Mais on ne passe pas par-dessus un viol, on ne le laisse pas derrière soi, on le porte en soi. Le viol n'est pas la vie, ce n'est pas la mort non plus: c'est leur annihilation pour créer un état de stagnation. L'inceste crée une perte de repères, et on gravite autour d'un père qui nous confectionne une représentation du monde qui rend toute naturelle l'abdication. Dans cette représentation, notre douleur n'existe pas. Nous n'existons pas. Les violeurs doux brillent de notre silence, ils brillent de notre absence. Ils savent qu'on s'accroche à la moindre chose qui nous rappelle notre innocence.
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La psychiatrie est une science tellement extraordinaire qu’elle est parvenue, par ses structures et ses méthodes, à recréer les pires imaginaires. Je me demandais comment Claudine, dans son état tellement fragile, survivrait à un milieu aussi hostile: un milieu qui rappelait les rebords de nos petits lits, quand le violeur doux nous enlevait la vie. C’était peut-être une épreuve ou une initiation, comme pour recréer le monde que les malades mentaux portent en dedans. Il paraît qu’à chaque internement, on observe chez les malades une dégradation liée au simple fait de se retrouver dans ces lieux où le gouffre semble sans fond. Claudine collectionnait les chocs post-traumatiques parce que le premier n’avait jamais été traité. Parce que le premier, on le lui avait mal diagnostiqué. Parce que les chocs post-traumatiques, ce n’était pas pour les petites filles privilégiées. Il en a fallu des militaires traumatisés pour qu’on commence à s’intéresser aux conséquences que subissent les filles violées.
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C'est le potentiel de création de forêts qui nous effraie le plus. Il y a quelque chose au cœur de nos ventres qui sait trop bien que, dans les climats tempérés et humides, si on ne fait rien sur un bout de terrain, en plein cœur de Montréal ou ailleurs, il va finir par y avoir une forêt. Tous nos efforts de récurage du sol expriment notre résistance aux boisés qui veulent naître, notre impuissance à tout dompter. La nature sauvage, insoumise, marque une frontière avec notre monde ordonné. On arrache à la terre tout ce qui a la force d'engloutir notre volonté et notre pensée linéaire. On tue la vastitude de notre moi-forêt et l'imprévisibilité des rivières célestes qui les arroseraient. On appelle ça "donner de l'amour à une plate-bande".
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La chose la plus merveilleuse que m'ait apportée le métier d'horticultrice est mon rapport à la météo, à laquelle je n'associe plus de jugement de valeur. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise météo. Quand on réalise qu'on peut supporter toutes les températures, écrit Melissa Harrison dans son livre Rain, "cela crée un sentiment satisfaisant d'équanimité devant les évènements de la vie, peu importe ce qu'ils sont". La pluie, comme les évènements de la vie, n'enlève rien au dehors ; au contraire, elle apporte d'autres expériences. Quand il pleut, le paysage change et la faune se comporte différemment. C'est une autre Montagne qui s'offre à l'expérience et, sans pluie, il nous en manque toujours la moitié.
Harrison observe aussi que la pluie a "quelque chose de profond et de mystérieux en lien avec la mémoire et la nostalgie, et une sorte de mélancolie apaisante". La pluie, dit-elle, est liée à l'émotion de tristesse ; elle crée un contexte propice pour plonger dans nos mondes intérieurs. C'est vrai qu'elle me fait un bien fou quand je ne me sens pas trop dans la joie. Le soleil tapant commande l'enthousiasme, il peut donc nous donner l'impression de contredire nos états d'âme quand on est triste. La pluie, elle, apporte une plénitude à notre solitude et à notre tristesse.
L'autrice rapporte aussi l'expérience de John Hull, professeur d'éducation religieuse devenu aveugle à l'âge adulte qui confie combien le son de la pluie lui permet de "percevoir" le monde autour de lui, combien il lui rend "l'espace vivant" à nouveau. Un peu comme les dauphins, qui envoient des ondes sonores pour mesurer les distances, la pluie permet à Hull de retrouver un sens de l'espace, de sa profondeur et de la densité de ce qui s'y trouve. Il rêvait de quelque chose de semblable à l'effet de la pluie pour appréhender l'intérieur des maisons, quelque chose qui pourrait lui donner à nouveau un sens du lieu.
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LE VIOL EST UN INTERMINABLE
SILENCE DUQUEL IL NE RESTE QUE
DE LA CHAIR QUI CRIE.
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De génération en génération, les violeurs s’anesthésient en détruisant des vies. C’est aussi ça, la généalogie. C’est rarement une évolution, ça devient souvent une répétition. On se donne le droit de se déraciner et de s’enraciner ailleurs. On se défait en même temps du patrimoine génétique avec ses maladies du cœur et ses tendances psychotiques. Les modes d’être au monde ne sont pas héréditaires, on peut choisir son bagage, on peut même décider de son âge.
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La santé mentale est un confortable mensonge, disait Susan Sontag. On est considéré sain jusqu’à preuve de notre dysfonctionnalité, dans un monde où les victimes d’inceste ne sont pas écoutées. C’est parce que l’expression de la douleur n’est pas accueillie qu’on cherche ailleurs la réalité. C’est quand on est obligé d’y résister qu’elle prend des voies irrégulières. Car «à quoi bon une santé mentale qui me masque le réel» (Françoise d’Eaubonne).
La psychiatrie a longtemps été l’une des pires formes de répression et il serait naïf de croire que c’est terminé. Ce n’est pas parce qu’elle est plus raffinée, ce n’est pas parce qu’elle maintient en vie des gens amochés que le fond a réellement changé. Combien de victimes d’inceste avons-nous ainsi réprimées, détruites, emportées? Une folle, c’est vraiment l’impunité!
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