Poésie - À l'aube du printemps - Paul BERGÈSE
C’est un matin de rires
Éclaboussés d’oiseaux ;
Des poches d’aubes claires
Éclatent au jardin,
Un essaim de soleils
Irise le gazon
Et le tendre du jour
Prend des airs de lavande.
C’est un matin pastel
Inondé de musique
Sous l’arc-en-ciel des mots.
Quand la douceur des nuits
la berce de ramages,
il existe là-bas
une île de nuages
où des rêves de fleurs
s'échappent vers le ciel.
J'y cours de temps en temps
et du bord de la grève
j'écoute murmurer
les herbes les fougères
qui dessinent au bleu
des espoirs insensés.
Il existe là-bas
une île de nuages
où le rêve s'endort
pour rêver avec vous.
(Une île)
A l'aube du printemps
Comme un coucou malin,
Dans le douillet nid
D'une grive insouciante ,
Entre les oeufs bleutés
J'ai glissé mon poème
Pour qu'il sache chanter.
Et maintenant j'attends
L'éclosion avec hâte
Pour savoir si mes mots
Sauront aussi voler.
Au repos de la plage,
les galets apaisés
tendent leurs joues
à la caresse de la vague.
L’érable…
L'érable m'a offert
deux feuilles de printemps
pour rafraîchir l'été
et trois feuilles d'été
pour réchauffer l'automne.
Il m'a offert aussi
quatre feuilles d'automne
de vert, d'or et de roux
pour colorer l'hiver,
l'hiver
qui se dévoue
et prépare un printemps
qui permettra à l'arbre
de me donner deux feuilles
pour rafraîchir l'été.
Un jour nouveau…
Catapultes de joies
Les arbres du jardin
Lancent, aux étoiles surprises,
De milliers de chants d’oiseaux.
Aux assauts de la musique,
Notes claires aiguisées,
Le mur de la nuit
Se fissure et s’ouvre,
Porteur d’un soleil d’oriflamme
Un jour nouveau enjambe l’horizon.
Offrir,
un mot du coeur,
chaleur moulée
au silence pur
des musiques d'étoiles,
un sourire
sourire de soie
échangé au sortir des brumes
comme une promesse
d'arbre d'été.
Qui gratte …
Qui gratte ce matin
aux vitres de ma chambre ?
Une corne de lune
une branche d'étoile
un rayon de soleil ?
Qui chante ce matin
aux vitres de ma chambre ?
Une abeille endormie
une fleur de silence
une lavande au vent ?
Qui attend ce matin
aux vitres de ma chambre ?
Un cœur, une pensée,
un sourire, une joie ?
J'ai ouvert la fenêtre
et j'ai tendu les bras.
Le parfum de la feuille,
le chant de la branche
et l'éclat du tronc
dans la parole
de l'oiseau
Le vent
raconte.
Le poème
J'entre dans un poème
où les jardins sont des secrets.
La mare est silencieuse
visage blême d'une fée
surprise au sortir des brumes.
Les arbres fredonnent les chants
dérobés aux étoiles
quand les nuits sont sans lune.
J'avance.
J'effleure le rêve
du bout des cils.
La bulle disparaît.