Paul Cuyvers

C'est intéressé comme une puce qui atterrit dans la fourrure d'un Saint-Bernard qu'il enfonce le pédale de frein et démet des gravillons face à la vieille maison, sans numéro. Il prend sa lampe de poche, coupe les phares et quitte le siège de cuir dans l'obscurité totale de la nuit. L'ambiance est différente sans la lueur rassurante de l'aube. Il gravit les marches du perron tel un chevalier moyenâgeux qui s'apprête à investir un château mystère avec pour seule armure la volonté de sa jeunesse. De haut en bas, dans l'embrasure des deux portes, une lumière orangée trace son trait. Cette fois, les cinq occupantes attendent Guillaume, alignées en haie d'honneur dans le grand hall. Les visages sereins font fondre la tension nerveuse du visiteur nocturne. La dernière, s. Antoinette le guide d'un geste d'une main pâle en direction de la cuisine comme la veille. La petite
table en bois, figée au centre de la pièce vide, est cernée de six chaises aujourd'hui. Trois bougies soudées au chandelier font danser leurs flammes. L'odeur de cire offre un plus.
Nous étions persuadées que tu tiendrais parole, même si tu es toujours libre de refuser. Sois le bienvenu Guillaume, dit s. Antoinette.
C'est neuf pour moi et j'ai, sincèrement, du mal à m'adapter à la situation, avoue Guillaume. Je suis chaque fois heureux de vous revoir toutes. Je ne suis pas parvenu à me décider sur ce qui aurait pu vous faire plaisir... fleurs, pralines... et je suis tristement devant vous les mains vides ! Quoique, non, j'ai dans ma poche une gazette « Les Nouvelles du Monde » pour s. Clarisse.