C'est cela l'Everest. On y monte au milieu des morts, des os qui surgissent de nulle part, rendus par les glaciers, après qu'ils ont broyé les dépouilles pétrifiées par le froid. Les morts font un cortège muet, ils sont là, on le sait, et l'on marche dessus sans vouloir trop y penser. On marche au milieu des morts, on monte sur les morts. On marche à la mort, aussi, comme ces huit alpinistes décédés les 10 et 11 mai 1996 : "On croise ceux qui descendent, jamais certain de les revoir."
[La citation est extraite de "Chroniques himalayennes" de Jean-Michel Asselin]