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Citation de emilajar


Je n'avais encore jamais mis de mots sur cette différence. Mes émotions étaient tellement éloignées des siennes. Enfouies, silencieuses, tristes peut-être. Ce qui m'avait ravi en elle, au fur et à mesure que je la connaissais mieux, c'était aussi ça : la beauté de ses enthousiasmes. À Capri ou à Paris, devant un paysage qui la bouleversait ou devant une pièce de Tchekhov, c'était la même pureté d'émotion - cette façon si spontanée dont elle avait cri "bravo", les mains levées très haut pour applaudir, sans qu'il n'y ait là rien de vulgaire, de surjoué, d'agaçant. Le public était oublié, moi aussi, et son regard fixé sur la scène avait une luminosité telle que je me disais que l'acteur qui jouait Ivanov allait forcément la voir, fût-elle au dixième rang perdue au milieu d'une centaine de visages.
J'arrivais justement au théâtre de l'Odéon. Avec une violence inouïe, ce fut toute la soirée qui me revint : le verre avant le spectacle au bar du théâtre, sa robe très courte qui me faisait penser à Birkin - ses jambes très longues sous cette robe très courte -, le fou rire à l'entracte, des reniflements de l'acteur qu'elle imitait si bien. Et dans l'obscurité de la salle, son visage concentré qui soudain se tournait vers moi. Si bien qu'écrivant cela, je me redresse et je me demande : comment pourrai-je jamais oublier ce visage ?
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