Mais si la vie donne les livres, on ignore qu'avec eux la vie recommence. Elle y éclot, et pourrait s'écrire encore et encore, cette vie qui resurgit d'elle-même. Car les mots figent autant qu'ils invitent à la rencontre, et avec elle, d'autres histoires s'insinuent, et d'autres mots, tout ça n'en finit pas et n'est pas près d'en finir. N'y a t'il pas de quoi se réjouir ?
"Mais c'est la joie, tu sais, c'est la joie qui fait couler les larmes, la joie est imbattable et Beethoven en est plein."
Ton sourire et nos silences me reviennent. L'odeur de tes Gitanes, ta silhouette hésitante et tes mains agitées.
Je te fais comme tu me remontes, par bouffées, comme tu n’as peut-être jamais été, sinon à mes yeux, je suis myope, comme toi. Voir flou n’est pas inconfortable, au contraire, certains détails inondent. Je perçois ce qui me plaît ou m’interpelle, je tamise malgré moi. Je te nuance, te chamarre ou te grime. Mon regard s’est adouci.
Dans Noces, Albert Camus décrit l’homme joyeux entrant dans un dessin fait à l’avance et qu’il aurait fait vivre et battre de son propre coeur. Je t’en dessine un, mais après : je le fais vivre et battre avec mon propre coeur. Je nous confonds, tu vois. Je comble mes lacunes.