Capricci a édité en même temps que le film "Dans la chambre de Vanda" un livre de conversation avec le réalisateur Pedro Costa. Ce livre est bien plus qu'un simple livret. Pedro Costa avait tourné "Casa de lava" (1994) au Cap-vert. Des capverdiens lui demandent de remettre des lettres, des cadeaux, etc., à des proches habitant Lisbonne. Pedro Costa découvre ainsi le quartier de Fontainhas, un bidonville, où dans les années 1960 des portugais venus du nord avaient commencé à construire leurs propres maisons, suivis par des Africains, des Capverdiens surtout, comme Ventura, un aide-maçon, qui sera le personnage d'un autre film de Pedro Costa, "En avant jeunesse" (2006). Dans "Ossos" (1997), qu'il réalise après "Casa de lava", il choisit de tourner à Fontainhas avec des habitants du quartier Comme Vanda Duarte. Mais "Dans la chambre de Vanda" (2000), que Pedro Costa tourne pendant deux ans à Fontainhas, où il se rend quotidiennement en bus, le réalisateur ne veut pas d'une équipe de cinéma encombrante et réalise le film le plus souvent seul avec une caméra numérique. Pedro Costa entre dans une autre intimité avec ses personnages, Vanda mais aussi sa soeur Zita, dont on apprendra le décès dans "En avant jeunesse", les garçons, Nhurro, Paulo "béquilles", le garçon des merles, etc. Le film est surtout plus réaliste, plus cru, plus bouleversant aussi. La drogue est partout et tous ces personnages, auxquels nous nous nous attachons, consomment, en très grande quantité, de l'héroïne. Le film, bien que terrible, n'est pas délétère, il est même d'une très grande beauté, poétique, sensible et incandescent. Pedro Costa est l'un des réalisateurs qui m'intéressent le plus ces dernières années, "Dans la chambre de Vanda" m'a bouleversé et ce livre de conversation de Pedro Costa est aussi passionnant qu'instructif sur son travail de cinéaste.
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