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Citation de Giwago


« Je gravis une colline en pente douce en essayant d’oublier la tête de Mts. Goggin devant mon refus d’avaler au petit déjeuner son boudin noir, blanc, et sa troisième saucisse quand, soudain, à la sortie d’un virage en haut de la côte, une voiture jaillit. Elle décolle, comme un bolide de rallye, complètement déportée de mon côté. Elle m’évite d’une embardée et passe dans un rugissement de moteur non sans expédier dans l’angle de mon pare-brise un petit caillou qui provoque un éclat. Au passage, j’entrevois distinctement le chauffard : une vieille dame d’une soixantaine d’années à l’air légèrement allumé, qui m’adresse un grand sourire aimable et un signe de l’index, en s’éloignant à tombeau ouvert. Elle n’a pas l’air de réaliser qu’il aurait suffi que je roule un tout petit peu plus vite, ou que l’on se croise cinquante mètres plus loin, pour que nos deux véhicules s’encastrent l’un dans l’autre. Depuis que je roule sur les routes irlandaises, ce n’est pas le premier chauffard que je croise et la plupart du temps il s’agit de petites vieilles avec une lueur étrange dans le regard. En Angleterre, les mêmes fous du volant seraient âgés d’à peine vingt ans.
Leur conduite n’a pourtant rien d’agressif. Simplement, elles sont… rapides, vous voyez le genre. En tout cas, elles conservent cette courtoisie autrefois en vogue dans les campagnes, qui consiste, au volant, à lever l’index pour saluer, comme si elles n’avaient croisé que nous de toute la semaine. Du moins je pense qu’elles le font pour saluer. Mais si ça signifie : « Va te faire mettre, connard d’Anglais », je dois dire que c’est exprimé avec beaucoup de charme. »
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