Philippe Bas-Rabérin

Et la femme créa le rock’n’roll …

Ainsi donc, le premier guitar hero était une héroïne ; Sister Rosetta Tharpe, qui enregistra le titre "Rock me" dans les années 30, soit avec plus d’une décennie d’avance sur l’histoire officielle du rock. Qui l’eût cru ?

Née en Arkansas en 1915 de parents ramasseurs de coton, Rosetta est emmenée dès son plus jeune âge à la Church of god in Christ, église pentecôtiste où les femmes peuvent prêcher comme les hommes. Elle y chante dès l’âge de quatre ans et à six, elle y est reconnue comme un prodige de la guitare. Lorsque son père quitte le foyer conjugal, Rosetta suit sa mère à Chicago et se fait repérer alors qu’elle chante des gospels à l’église. En 1934, elle crée le premier hit à « traverser les lignes de couleurs ». Elle se produit aussi bien dans les églises que dans les night-clubs, fait deux mariages désastreux, enchaîne les relations avec hommes et femmes, et devient de plus en plus célèbre. En 1945, elle enregistre "Strange things happening everyday" où l’on peut entendre le tout premier solo de guitare du rock’n roll.

La vie de Rosetta Tharpe est celle d’une femme libre. Elle est tout d’abord la première artiste à avoir un bus à son nom, muni de couchettes pour ses tournées, et déjouer ainsi le ségrégationnisme en vigueur aux États-Unis. Plus tard, bravant l’Amérique raciste et sexiste des années 40, elle part seule sur les routes avec sa compagne, la chanteuse Marie Knight, qui joue aussi du piano et des percussions, avec tous les risques que cela suppose. Les deux femmes, très unies sur scène, forment un duo explosif, extrêmement populaire, qui prendra fin en 1950. Un an plus tard, Rosetta Tharpe épouse son manager, lors d’un mariage célébré dans un stade bourré à craquer. Plus de 20 000 personnes, chargées de cadeaux, allant des couverts de table aux postes télé, assistent à la cérémonie qui se termine en concert.

Sister Rosetta Tharpe n’était donc pas une inconnue. Elle a été, en son temps, la chanteuse de gospels la plus renommée des États-Unis, a fait des tournées en Europe. Sa façon de jouer de la guitare électrique a été déterminante pour l’histoire de la musique. Morte en 1973, loin de toute reconnaissance, elle va pourtant disparaître du récit.

Même si "la femme qui inventa le rock’n’roll" est peu à peu redécouverte à partir des années 2000, et plus particulièrement au croisement de Me too et de Black Lives Matter, il faudra attendre 2018 pour qu’elle entre au Rock and Roll Hall of Fame and Museum.

Alors, nous pouvons nous poser la question : Comment se fait-il que celle qui a découvert, puis propulsé sur scène Little Richard, la précurseuse de Johnny Cash, Carl Perkins, Elvis Presley, Jerry Lee Lewis, dont Chuck Berry reconnaissait l’influence directe, ait pu basculer ainsi dans l’oubli? Et, concomitante à celle-ci : Combien y en a-t-il d’autres ?

Kits Hilaire dans Double Marge


Lien : https://doublemarge.com/rose..

Tout vient du blues...!!!!







Pourquoi un livre qui raconte l'histoire du blues depuis les années 1945 seulement ?

Pour l'auteur, il y a plusieurs explications à cela :



- Tout d'abord, l'adaptation d'un art populaire (le blues donc) aux nouvelles conditions de vie de l'après-guerre, c'est ce qu'il appelle la phase moderne du blues noir.



- Ensuite, la perte de prestige du blues "originel" au sein de la communauté noire au profit de nouveaux genres tels que le rythm and blues, le rock and roll, la soul, etc ...



- Enfin l'apparition du "blues blanc" à partir des années 50 qui connaitra le succès que l'on sait mais qui ne se confondra jamais avec le blues noir selon l'auteur.







Un livre classique qui va revenir sur les origines du blues, la tradition, les sources d'influence tout comme les différents types de blues. Philippe Bas-Raberin nous faire revivre tous les grands musiciens qui ont fait cette musique et chose plus rare, va s'attarder sur les paroles, les textes bien plus compliqués qu'il n'y parait.



Une grande part de l'ouvrage est consacrée à ce "blues blanc" qui va naître avec Elvis Presley d'abord mais surtout avec tous ces jeunes musiciens anglais (The Rolling Stones et Eric Clapton pour ne citer que ceux-là...) qui vont faire son histoire, redonner un second souffle au blues originel et l'imposer partout dans le monde.





Un livre très documenté qui fourmille de personnages et de détails sur cet art, sur la façon de le chanter et de le jouer. Tout à fait accessible, pas trop technique, il ne nécessite pas une grande connaissance de ce courant musical mais vous permettra surement de découvrir de nombreux acteurs de cette musique.





C'est un très bon complément de l'ouvrage "Le peuple du blues" de LeRoi Jones qui lui s'arrêtait à l'aube de la naissance du "blues blanc".