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Citation de le_Bison


J’ai vécu des années heureux. Et, un jour, j’ai été plus heureux encore.
Un dimanche sur deux, j’allais au stade voir jouer la Fiorentina. Je m’asseyais au milieu d’une foule de visages qui me sont devenus peu à peu familiers. Je criais avec les cris. Je levais les bras quand les bras se levaient. Je tapais du poing et mes cuisses étaient toutes endolories. Je fermais les yeux aux instants cruciaux et nous étions un peuple d’aveugles. J’injuriais l’arbitre et le fait de n’être pas le seul à l’injurier m’ôtait toute honte. Je voulais embrasser les joueurs mais ils auraient croulé sous nos étreintes. Au bout de deux heures, nous étions épuisés, pantelants, et nous nous promettions de ne jamais abdiquer notre chauvine ferveur.
Le soir, souvent, je mangeais la pasta avec des amis, ou Anna. Ca s’enroulait autour des fourchettes, ça dégoulinait de sauce, ça cognait à nos mentons, ça nous obligeait à ouvrir grande nos bouches et à nous livrer à des contorsions, des pantomimes, ça nous brûlait la langue, ça calait nos estomacs, ça déclenchait nos fous rires.
Le soir encore, nous buvions du vin. Celui de Toscane est le meilleur, personne ne songerait à prétendre le contraire. J’ai encore le goût du chianti dans ma gorge. Et les étoiles qu’il faisait danser dans ma tête. J’ai parfois bu plus que de raison. J’ai recherché le roulis que procure l’ivresse.
Anna me souriait, m’aimait.
Je ne demandais rien de plus. Il est arrivé Leo.
Il y a des hommes chanceux, trop chanceux, même. Je suis de ceux-là. Sauf que je suis mort noyé. Mais qui sait si cela même n’est pas une chance ?
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