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Critiques de Philippe Cardon (1)
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Chemins de l'émancipation et rapports sociaux..

L’objet du livre est de « rendre compte à la fois des aspirations croissantes à l’autonomie et à l’émancipation et des logiques de domination qui y font obstacle. »



Pour commencer, les auteur-e-s rappellent que « La société est donc toujours plus et autre chose que la simple somme des individus qui la composent et les rapports entre individus ne peuvent en aucun cas se réduire à la ”guerre de tous contre tous” de l’univers concurrentiel » et qu’il convient d’analyser les transformations permanentes, des rapports sociaux de sexe, de classe de ”race” et de génération.



Les auteur-e-s soulignent la nécessité de s’écarter de visions unilatérales, des conceptions sans contradictions ou trop lisses de la production des individus et de leurs relations.



Car c’est à travers des activités et actions réciproques « à travers ces complexes de relations en permanente recomposition que les individus produisent sans cesse collectivement la société dans laquelle ils vivent, tout en se produisant eux-mêmes », sans oublier que « les rapports sociaux et leur imbrication ne peuvent être pensés uniquement comme source de domination mais doivent l’être, dans le même temps, comme potentiellement porteur d’émancipation. »



Ce qui, bien évidemment, ne signifie pas accepter la version néo-libérale de la sur valorisation de l’individu, sans attache, rationnellement intervenant sur les marchés de libre concurrence « Les sujets individuels sont censés pouvoir manifester en toutes circonstances une indépendance personnelle alors même que la dépendance impersonnelle s’impose en permanence à la plupart d’entre eux et que se développe la pression sociale poussant à l’individualisation. »



Je ne présente ici que la première partie du livre « Comment penser les rapports entre l’individuel et le collectif ? ».



Dans le premier texte « Individu, groupe, collectif : quelques éléments de réflexion », Danièle Kergoat analyse entre autres, les barrages spécifiques à la constitution du collectif. Des trois cas présentés (jeunes ouvriers immigrés, ouvrières non qualifiées et coordination infirmière, je souligne la conclusion du second « Nous disons donc que ce groupe d’ouvrières non qualifiées est à la fois, dans la quotidienneté, un vecteur privilégié de la reproduction des rapports de sexe, et dans la lutte, une fois transformé en ”collectif”, un support pour remettre en question la totalité du social puisque tant la simultanéité de la lutte contre l’exploitation et l’oppression que celle de l’exposition positive du je et du nous sont des nécessités incontournables pour la survie même de cette lutte. »



A propos de la coordination infirmière, l’auteure souligne que les rôles sociaux demandés aux travailleuses sont des « rôles féminins renvoyant là encore à des qualités plus qu’à des qualifications, et renvoyant en plus à des qualités individuelles » qui induit pour passer de la demande à la revendication d’opérer préalablement une dissociation entre rôles féminins et qualités individuelles d’une part, et rôle professionnel, d’autre part.



Pour une analyse plus approfondie de ces mécanismes, je renvoie à l’ouvrage de Danièle Kergoat, Françoise Imbert, Hélène Le Doaré et Danièle Senotier : Les infirmières et leur coordination, 1988-1989 (Editions Lamarre, Paris 1992).



Le second article « Régimes de genre et dispositions : une piste d’analyse. L’exemple des contextes sportifs » de Christine Menesson décrypte les configurations du collectif, les modèles de représentation, les rapports de pouvoir et les politiques identitaires, la division sexuée du travail et les matrices de socialisation. L’auteure peut alors cerner les effets individuels des socialisations successives et concomitantes. En conclusion, s’appuyant tout à la fois sur les travaux de Danielle Kergoat et d’Elsa Dorlin, elle souligne « la complexité des relations repérées incite à ne pas naturaliser les rapports de domination en isolant chaque rapport social et en pensant ses relations aux autres rapports sociaux de manière uniforme – additive ou inclusive – , mais bien à mobiliser réellement les concepts de consubstantialité et de coextensivité. »



Dans la seconde partie de l’ouvrage « Processus d’individualisation et dynamiques identitaires » sont abordés les liens entre précarisation et projet de retraite des migrantes, les dynamiques identitaires des femmes au sein d’une société musulmane.



La troisième partie du livre est consacrée aux « Parcours individuels et contraintes collectives. Quelle émancipation des femmes dans les mondes agricoles ? » et la quatrième revient sur « L’engagement dans le travail salarié : entre démobilisation et résistance ? »



Cet ouvrage met en perspective les liens entre individualisation et émancipation et souligne que l’émancipation implique la construction de nouvelles formes de collectifs.
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