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Citation de Aquilon62


On leva trois grilles afin que j’entre dans la cour du château. À ceux qui n’ont jamais contemplé ce monument, il faut apprendre que son aspect ne réjouit point le cœur, car c’est un bastion militaire établi en plein centre de Rome, un donjon austère dont les fondations s’enracinent dans le Tibre. Refuge à quatre-vingts canons pour le pape, il est surtout cachots pour ses ennemis. Pour avoir résisté aux dépossessions qu’il entendait lui faire subir, le pape Alexandre VI y avait autrefois longuement emprisonné Caterina Sforza, la condamnant à vivre au milieu des rats, dans une cellule souterraine chaque jour inondée par les eaux du fleuve, afin de l’humilier et de la rendre folle. Devenue bête, la pauvre femme avait fini par hurler si fort qu’il avait fallu boucher tous les soupiraux à la paille et à l’étoupe pour protéger le sommeil du Borgia. Cette histoire, bien qu’ancienne, était connue. Mais combien d’autres tortures avaient été secrètement pratiquées dans ces murs ? Et combien s’y commettaient encore ? Avec son architecture en spirales, le château me fit songer à un serpent. Non à une vipère commune qui se projette et mord, mais à un de ces immenses reptiles des Indes occidentales dont on prétend qu’ils se laissent tomber des arbres puis étouffent et broient, faisant lentement craquer les os de leurs victimes jusqu’à ne laisser que de la pulpe à l’intérieur. Les couloirs étaient des boyaux où il me semblait subir pire constriction que celle que j’avais précédemment ressentie lors de mes pérégrinations dans les entrailles de la terre…
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