Mais la vérité, personne ne la dit, personne ne la connait. Que je suis parti à la guerre, personne ne le sait.
Ma nouvelle vie, on dirait que je l'ai depuis très longtemps, que je l'ai toujours eue.
On se ressemble. On est des garçons un peu maigres, pas très costauds, et très blancs de peau. On est blonds, mais lui est blond tout court tandis que, moi, je suis blond vénitien. Pas rouquin, blond vénitien, le coiffeur l'a bien dit, blond vénitien. Il ne me crois pas. \"N'importe quoi, ils ont tous les cheveux noirs, les Italiens.\" Aussi, nous avons tous les deux les yeux bleus. Blancs de peau, blonds et les yeux bleus : pour lui, c'est sûr, nous sommes tous les deux des Alsaciens.
Ecrire une lettre d'amour, c'est écrire des mots qu'on n'a jamais dits, avait-elle pensé.
Dans une grange, sur des ballots de paille, en plein hiver… Tu ne pouvais pas attendre l’été ? Et puis, ce type, quel âge il a ? Si ça se trouve, il est marié, il se sera offert une jeunotte. Franchement, tu aurais pu trouver mieux … Attendre l’été… Un petit gars du coin, un petit puceau…Vous auriez fait ça tous les deux pour la première fois, couchés dans le foin, avec le soleil pour témoin…
Je parle avec lui, seulement avec lui. Autrement, ce n'est pas parler, mais dire les mots qu'il faut pour accompagner la vie, parce qu'on n' est pas muet alors on parle, mais on serait muet, ce serait pareil, ça marcherait quand même, la vie sans ces paroles vraies.
Pour vois sans mes lunettes , je dois réfléchir.
Plus tard, quand je serai grand, je serai docteur et j' aurai une voiture décapotable, une Triumph Spitfire. C' est ce que je réponds, et puis voilà. Plus tard, quand je serai grand, ce n' est pas une question pour moi. Je suis grand maintenant, déjà. Plus tard, si j'y pense, je ne vois que le ciel, je ne peux pas répondre ça.
La mode, maintenant, pour les garçons, c' est de porter des slips de couleurs. mais nous deux, on porte des slips blancs, tout bonnement.