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Critiques de Philippe Gasparini (4)
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Autofiction : Une aventure du langage

Gasparini décortique les thèses élaborées depuis 1977 - et la définition donnée par Doubrovsky pour définir son roman "Fils" - sur le concept d'autofiction. Il aboutit à la conclusion que si aucune définition ne saurait définir, seule ou accompagnée, un nouveau genre, toutes les opinions, que ce soit celles des théoriciens ou celles des praticiens, s'accordent à reconnaître une évolution de l'écriture de soi au cours du vingtième siècle, et plus particulièrement depuis les années 70.



Gasparini élargit alors son étude et, des tentatives de définition de ce qu'est - ou pourrait être - l'autofiction, souvent par comparaison avec le genre autobiographique et celui du roman autobiographique, il extrait une liste de caractéristiques de l'écriture moderne de soi, qu'il tient pour consécutive à la quintuple action de l'émergence de la psychanalyse, des innovations littéraires apportées par les témoins de l'Holocauste dans leur difficulté à dire l'indicible, de la période de libération des moeurs post-68, du tournant post-moderne (lui-même issu de l'effondrement des régimes communistes, des désillusions d'émancipation collective et de l'accroissement, en réaction, de la "culture de soi") et de la mondialisation (entre autres des médias).



En conclusion, l'autofiction ne lui semble pas être un nouveau genre en soi, mais les nouvelles écritures de soi représenter une évolution du genre autobiographique, qu'il propose de nommer autonarration, en reprenant Arnaud Schmitt. Ce terme est moins ambigu qu'autofiction dont fiction efface la référentialité, tandis que narration l'intègre, ce qui est plus conforme aux revendications des auteurs à l'authenticité. L'autonarration serait donc l'autobiographie postmoderne, caractérisée par des traits d'oralité, une complexité narrative, une fragmentation du discours, une problématisation du rapport entre l'écriture et l'expérience et le pacte autobiographique de Lejeune. Au sein de cette autonarration, les textes qui s'éloignent le plus de l'authenticité seraient dits autofictionnels, les autres relèveraient du "récit autobiographique". En parallèle de l'autonarration, les oeuvres qui revendiquent le plus d'authenticité (témoignages, interview, autoportait, etc) seraient placées sous l'expression "auto-essai" ou "journal".



On est un peu déçus naturellement de la conclusion qui réduit la promesse d'un nouveau concept à la forme temporaire de l'évolution d'un genre, mais l'essai tire sa grande force de sa précision chronologique et de la clarté de la présentation des opinions élaborées au fil des décennies. On mesure la difficulté à classifier les types d'écriture et à mesurer la part d'authenticité, à défaut de véridicité, des textes : ces critères tiennent-ils à la sincérité de l'auteur (qui peut se tromper), à la valeur de véridicité des textes (mais un texte très référentiel est-il littéraire ?), à la difficulté de "dire le vrai" (qu'est-ce que le vrai, la réalité, d'un témoignage, d'une parole, dans l'absolu...), comment est reçue la lecture si les repères sont biaisés ou que la confiance envers l'écrivain s'effiloche, comment dire le vide de l'âme, l'impossibilité du souvenir, les émotions insoutenables (la douleur, la honte, le rejet, la maladie, la mort, etc.). C'est donc un essai très lumineux qui remue les méninges avec intensité.
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Chroniques de la foi et du doute

Pour commencer, merci d'avoir mis les notes en bas de page au lieu de les reléguer à la fin de l'ouvrage. En tant que lectrice, je trouve que c'est bien plus agréable.

Difficile pour moi de me faire un avis sur ce livre. J'en garde une impression de foisonnement, pour le meilleur (beaucoup d'exemples, de "matière première" autobiographique : il y a un gros travail de collecte) et pour le moins bon. Même si les enchainement sont logiques, même si l'auteur brosse en quelques lignes le contexte, j'ai souvent eu du mal, à part pour le chapitre concernant la France, à "cerner" les exemples : la personne est-elle (re)connue dans son pays d'origine, a-t-elle eu une influence déterminante ou non sur sa religion ou sa "secte", les passages sélectionnés sont-ils représentatifs de son œuvre autobiographique, etc. J'ai trouvé que le tout manquait de lien, de liant, notamment entre les pays et les expériences. C'est touffu et documenté, oui. Mais je me suis un peu perdue dans ce catalogue d'exemples personnels (j'ai hésité avec "cette forêt de citations").

J'ai lu l'introduction après le premier chapitre et j'ai été surprise de lire la neutralité dont se réclame (si j'ai bien compris) l'auteur en mettant en avant son agnosticisme. D'abord parce que ce n'est pas ce que j'ai ressenti, et surtout parce que ce que j'attends d'un auteur c'est surtout qu'il soit "de bonne foi", sans mauvais jeu de mots.
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Chroniques de la foi et du doute

Voilà un titre bien séduisant en cette période de crise, d’autant que le sous-titre annonce : « une introduction à l’autobiographie religieuse ». Dès lors on ouvre le livre avec avidité pensant y trouver ce que l’on attend, c’est-à-dire l’expression écrite d’une recherche spirituelle, sous la forme peut-être d’un journal intime, éventuellement de mémoires ou de correspondance loin des biopics sans intérêt qui fleurissent actuellement. Une réflexion de compagnonnage comme Montaigne en a donné l’exemple dans les Essais. L’annonce du sujet est précis par sa forme et sa thématique : « autobiographie religieuse » alors que des universitaires se sont consacrés récemment ,de façon plus large , à écrire l’histoire des journaux intimes (Philippe Lejeune) ,et des associations à recueillir ceux d’inconnus .on peut penser que l’attente est grande ,en matière de foi ,et a été nourrie et préparée par exemple par de célèbres penseurs contemporains :Julia Kristeva (« cet incroyable besoin de croire »),Régis Debray (« Allons aux faits :croyances historiques, réalités religieuses ») .On a lu avec émotion le témoignage du dramaturge Eugène Ionesco : « la quête intermittente »,et il y a également quelques années les livraisons régulières de l’excellente collection : « Ce que je crois » (Grasset)avec quelques-uns centrés sur la foi sous la plume de Luc Estang ,Jean Delumeau , le père Bruckberger etc…On a été enrichi par les correspondances de célèbres intellectuels croyants ,souvent convertis :Claudel ,Péguy, Huysman Rivière, Copeau ou incroyants :Cocteau ,Gide…etc…

Voilà donc une grande attente à la mesure de la foi qui n’est que l’acceptation engagée du doute, mais voilà, on s’est trop précipité (ceci explique cela), on a mal lu : le cadre historique est restrictif :1600-1900. Dommage, c’est-à-dire que d’une part Augustin, avec ses « Confessions » est pour cette raison, bien sûr à peine évoqué, et pour les plus récents il n’en est pas fait cas. Thérèse d’Avila échappe de peu aux critères historiques par la publication post mortem de son journal.

Alors, on est déçu, il fallait bien lire le sous-titre ; et c’est la raison pour laquelle mon commentaire du très savant ouvrage concerne ce qu’il ne faut pas y chercher. Nul doute par contre que des spécialistes trouvent là un exposé très érudit sur le thème des croyances religieuses, mais croyances et foi, est-ce la même chose ? Le livre est très bien documenté, de type universitaire avec une bibliographie très bien documentée et riche en notes en bas de pages qui trouveront leur public, d’autant que sur les 400 pages, un quart seulement concerne la France, et la foi chrétienne, le reste étant consacré à la Chine, au Japon, à l’Inde, au judaïsme, à l’Islam.

Le dernier chapitre est consacré à la « rhétorique du salut » avec une réflexion historique très intéressante sur pathos, (cf le père Surin, la possession de Loudun, et les travaux de Michel de Certeau) ethos et logos comme fil conducteur de la présentation autobiographique.

Au total « une somme » érudite, ce qui n’est pas étonnant pour une publication universitaire, mais, il faut bien le titre, et ne pas seulement la quatrième de couverture qui n’est pas suffisamment explicite. C’est bien sur les rayons histoire-religion que le livre doit être présenté.

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Chroniques de la foi et du doute

Avant toute chose, il faut que je vous confesse l’erreur initiale qui fut la mienne : le titre « Chroniques de la foi et du doute – Une introduction à l’autobiographie religieuse » m’a fait croire qu’il s’agissait d’un livre parlant de la foi ... et du doute.

Or, pas du tout ! Si Philippe Gasparini est la référence en matière d’écriture du « je » comme on dit maintenant, c’est-à-dire tout ce qui gravite autour de l’autobiographie : roman autobiographique, autofiction, etc... En revanche, en matière de foi, il se déclare lui-même « agnostique » (= Qui se déclare incompétent en matière de trancher si Dieu existe ou non). Mais, je pense qu’il y a une erreur d’auto-appréciation. A son style sournoisement sarcastique lorsqu’il parle des croyants, il serait plutôt athée (= Qui nie l’existence de Dieu). Il a beau dire que c’est la meilleure position pour parler en toute neutralité de religion, son ton de dénigrement est irritant, voire à force, franchement insultant.

En effet, pour lui, tous les auteurs dont il parle – et il en fait un catalogue interminable - ce que l’éditeur appelle plaisamment « une démarche résolument originale » - bref, tous ces gens sont des malades mentaux : au mieux dépressifs, au pire « border line » en passant par la classique bonne sœur hystérique.

Le livre se présente donc comme un passage en revue rapide d’au moins une centaine de vies, critiquées succinctement. Cela donne l’impression de se voir présenter une multitude de plats plus appétissants les uns que les autres et de se les voir ôtés de dessous le nez en ayant à peine eu le temps d’y goûter.

Arrivée à marche forcée à la page 169, je n’ai pas toujours compris quel était le but du livre. . Il m’a semblé – mais je peux me tromper – que Philippe Gasparini a voulu faire un tableau pointilliste de l’autobiographie religieuse (ou plutôt comme il dit « la description chronologique des rapports qu’a une personne du fait religieux »), chaque autobiographie étant un point. Mais mélanger les quakers avec les moines bouddhistes, les chrétiens et les soufistes, était-il vraiment une bonne stratégie ?

Si dès le début ce livre fut un vrai pensum, il devint au fur et à mesure de la lecture (je me suis forcée à le finir par honnêteté intellectuelle) malsain. Mais je bus la coupe jusqu’à la lie.

Quand on arrive à la fin du livre (357 pages) on réalise enfin clairement que le but de l’auteur est de salir ce en quoi les chrétiens croient.

Par exemple, si en Inde l’autobiographie est forcément une œuvre de prédiction et de propagande, pour le reste du monde, il parle carrément d’autohagiographies pour bien montrer que pour lui, toutes ces histoires ne sont que des mensonges. Ce sont des textes militants pour assurer l’emprise des églises sur les croyants. L’auteur simulerait une émotion qui lui permettrait de gagner la sympathie du lecteur pour le gagner à ses thèses (sachant que la majeure partie des autobiographies n’étaient pas destinées à être publiées ou l’ont été longtemps après la mort de leurs auteurs !)

Je comprends bien que pour un athée du XIXème siècle, ces autobiographies soient déroutantes à une époque où tout à chacun écrit des livres sur la recherche du bonheur hédoniste et individuel. Cependant, ce n’est pas une raison pour penser que les vies de ces auteurs passés ne sont qu’un ramassis de mauvaise foi.

La dernière partie du livre (« Rhétorique du salut ») livre enfin la clé de l’ouvrage. On comprend alors que son vrai but était en fait de montrer que tout est mauvais dans la religion chrétienne et tous les autobiographes sont des menteurs.

Vous pensez bien qu’à la fin de ma lecture, j’étais dépitée de m’être laissé embarquer dans ce livre par une quatrième de couverture trompeuse et en colère aussi face à ce parti-pris négatif dissimulé sous un titre fallacieux.

Des points positifs ?

• Philippe Gasparini m’a fait découvrir quelques personnages dont j’ai envie de lire la biographie !

• Et jamais plus je n’achèterai un livre sans l’avoir feuilleter!





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