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Citation de colimasson


On a beaucoup dit que, pour les féministes d’avant-guerre, biberon rimait avec libération. C’était vrai jusqu’aux années 50, avec l’intermède de la guerre où seul le lait de femme se procurait sans ticket. Ensuite, je n’ai pas trouvé trace en France d’une pensée théorique féministe concernant l’allaitement. La revendication du partage du travail domestique gratuit et des soins aux enfants surgit de la condamnation de l’exploitation patriarcale sans qu’il soit fait mention de notre spécificité de mammifères. Les plus radicales des militantes, ou les plus blessées, ont refusé la maternité. Les autres ont accommodé leur vie privée en regard du politique en s’interdisant dans des proportions variables la fusion avec l’enfant. Puis, dans la mouvance Peace and Love des années 60, la catégorie féminine « cultivée, urbaine, exerçant un métier » a redécouvert l’allaitement comme communication privilégiée à cheval entre nature et contre-culture du plaisir. Alors que le déclin amorcé au début du siècle n’avait pas encore atteint son étiage dans la France profonde, le mouvement inverse s’amorçait déjà dans les milieux aisés. C’est dans ces eaux favorisées que croissaient les féministes, mes amies aux USA, nos sœurs prolife (adversaires de la liberté d’avorter), revendiquant l’allaitement dans le cadre le plus général de la nurturance, qu’elles veulent altruiste, désintéressée, contestataire face à un monde d’hommes égoïste, dominateur, soumis aux lois du marché. Et nous, les prochoice (favorables à la liberté du choix d’avorter), elles nous considéraient comme des espèces d’hommes.
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