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Critiques de Philippe Leuckx (7)
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Le rouge-gorge - Laura

« Le rouge-gorge s’est montré l’autre jour. J’étais en train de planter les haricots »

D’une anecdote du quotidien, Philippe Leuckx tresse avec délicatesse une passerelle vers la beauté pure de la nature. Le rouge-gorge s’envolera vers un ailleurs mais il restera « sa fine poésie » et cet inattendu dans nos vies.

En parallèle de l’apparition du rouge-gorge se dessine le portrait de Laura, qui « ne sait rien encore de la beauté des lointains » Elle a déjà ce pourvoir et le poète dit d’elle : « Elle sait ouvrir mon ciel jusqu’à ses bleus profonds ».

Au gré de notre lecture, on partage ces moments d’intimité avec le poète, on écoute ses chagrins et on se réjouis lorsqu’il dit « j’ai oublié ma mélancolie au fond du jardin, au milieu des herbes »

On marche à ses côtés, goutant aux paysages et suivant les saisons. L’enfance n’est jamais loin, tout comme les absents On écoute la « pulsion du monde » qu’exprime le poète tantôt en vers, tantôt en prose. Sa curiosité est toujours vive, tout est spectacle

« On reste ainsi à scruter les mots ;

à lire dans le ciel qui s’éteint

à vivre. »

Puis, le poète revient à Laura et sa vie toute neuve et il termine ainsi ce recueil plein de douceur et de nostalgie :

« La petite Laura est une illumination ».





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Rien n'est perdu Tout est perdu

Derrière ce titre énigmatique où s’opposent le rien et le tout, se dissimule le perpétuel recommencement de la vie. Ce renouveau de la nature très présent dans ces vers se confond avec les élans du cœur, les sentiments de l’âme.

« Un air de printemps…à faire frémir le cœur »

Tout est à peine esquissé, le trait est léger mais le propos fait mouche et nous touche.

Le poète nous emmène à Rome pour une balade nocturne nimbée de nostalgie et dont on rentre « les yeux fatigués / du goût secret des périphéries ».

Dans la fulgurance de certains vers, on rencontre la fugacité des évènements, leur insignifiance, comme ces gens croisés dans la rue « à peine perçus comme réels ».

Philippe Leuckx cultive la rêverie et les réflexions sur la vie avec une sensibilité retenue.

Ses vers sont nimbés de lumière et de mélancolie.

« Parfois un cœur tremble/ qu’on ignore comme un roc/ le poème s’en défend. »

Ce cœur, toujours, qui tremble ou frémit et dont on se demande s’il « tient la route. », ce cœur qui pulse à travers les strophes.

L’enfant n’est jamais très éloigné de l’adulte qu’il accompagne de sa solitude... Il y a cet « enfant perdu » que l’on borde, ou encore « l’enfant au pigeon », et celui qui, « au loin brasse le temps ». Le temps de l’enfance est nostalgique, il nous renvoie au temps qui passe, « à la nuit qui vient ». Le temps révolu se mêle à l’immédiateté du présent.

La mélancolie qui « s’éclaire à l’eau de pluie » est présente également dans la maison où se côtoient vie et mort. On y « aère les mots » et l’espoir grandit marche après marche.



Chaque Cahier du Loup bleu est illustré d’un loup et celui-ci ne déroge pas à la règle avec un dessin de Bernard Latuner.



L’écriture de Philippe Leuckx est à fleur de peau, à fleur de cœur avec cette même fragilité que le poème « qu’on a peur de briser en le posant »

Sans cesse je reviens m’abreuver à cette poésie et « rien n’est perdu » de l’émotion qui est toujours là.







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Ce long sillage du cœur

Ce n’est pas souvent que l’on apprend la disparition d’un poète, et encore moins celle d’un poète auquel on revient sans cesse au fil des années.

Il y a bien des façons de rendre hommage à un disparu, faire un billet dithyrambique sur son oeuvre, éplucher ses écrits, parler de l’homme lui-même.

Ma bibliothèque est riche de ses poèmes, de ses écrits autour de ses amis et j’attends avec impatience les dernières parutions qui vont sortir début mars.

Poète de l’éphémère qui souhaitait que « L'effacement soit ma façon de resplendir »

Mes étagères sont riches aussi de ses traductions.



Mais aujourd’hui ce que je préfère c’est vous parler d’un poète qui pour moi appartient à la même famille que Philippe Jaccottet, un poète francophone comme lui, non pas suisse mais belge.

J’ai fait connaissance avec Philippe Leuckx il y a peu de temps, je l’ai trouvé discret dans une petite maison d’éditions qui porte un nom qui me plait infiniment : La Tête à l’envers.

Il a publié bien entendu chez d’autres éditeurs et je compte bien élargir ma bibliothèque.

Aujourd’hui le recueil que j’ai reçu porte un titre qui ma plu immédiatement et qui est inspiré par un autre poète Jules Supervielle

Quelqu’ un a pris ta main qui t’attendait aussi

Pour écouter ce long sillage du coeur

Qui ne pouvait pas croire à la fin du voyage



Un recueil de 62 poèmes en vers ou en prose avec lesquels j’ai fait la promenade parfaite, promenade faite de sensations, d’émotions, d’impressions saisies sur l’instant.

Philippe Leuckx vise la simplicité car les mots coulent « j’avais pour compagnie un ruisseau »



J’ai senti la lumière à travers les mots

Mon coeur est plein de fenêtres

Et d’étoiles vers les confins



Je suis passée de l’ombre à la lumière, du soleil à la fine bruine



Le printemps ose une fine bruine sur le murmure des mondes

A peine

Un troglodyte bruisse sur l’arbre à découvert



La beauté de la nature s’impose sans effort dans ses poèmes.



Au-delà des rumeurs

La lumière ruse

A l’heure où les herbes

Vont boire

Un abri sous les fleurs



Rêve et nostalgie se partagent les poèmes, tout est empreint de douceur « Nous allions sous la pluie avec les mots en poche »



L’ enfance est très présente, une enfance peut être un peu malmenée et sans doute solitaire dans le pays du Hainaut, pays de mines et de terrils, le pays de Van Gogh



L’enfant blessé d’ombre

se recoud au soleil



Le poète vagabonde avec bonheur « D’errance en vagabondage, de cheminement en balade, de sentes en passages escarpés » parfois il va chercher la lumière en Grèce

Il va comme le marcheur, le wanderer comme le surnomme Françoise Lefèvre dans sa préface, je préfère le nom de pérégrin car nous dit le poète « Chaque poème rend pèlerin de soi »

Il m’a rappelé un poète que j’aime beaucoup Hubert Voignier et son recueil Les Hautes herbes.



Un poète que je vais m’empresser de connaitre mieux car j’ai aimé sa poésie subtile et apaisée, forte de sensations, de bribes d’enfance, de paysages du coeur.



J’ai aimé sa « langue douce de l’errance » mais aussi cette sensibilité qui touche profondément



"Il y a quelque chose de compté dans l’air. Qui broie. Efface.

C’est un tumulte léger au coeur. Parfois juste un repli.

Souvent une souffrance."






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Doigts tachés d'ombre

Près de soixante poèmes répartis en six chapitres composent ce nouveau recueil de Philippe Leuckx. Ici, il rassemble des œuvres parues dans diverses revues ainsi qu’inédites. Comme c’est le troisième opus que je recense pour Le Carnet, la curiosité m’a poussé à rencontrer l’auteur sur son lieu d’écriture. Il habite Braine-le-Comte, une maison tenue avec grand soin, à l’instar de ses poèmes et publications. Le bâtiment protège un jardin à l’arrière, tout en longueur, serré par ceux des voisins. À la fois maîtrisé et hirsute, il y prolifère autant de couleurs que de parfums, à l’exemple de la prolifique plume du poète.



Le bonheur je veux bien

Mais quels mots de quelle cave



Pour écritoire, à mi-chemin entre la rue, urbaine, et sa petite jungle, Philippe Leuckx utilise la grande table de la cuisine. Parfois il travaille directement sur l’ordinateur, dans un coin de la pièce voisine. Dans cette atmosphère, dans cette lumière, doigts tachés d’ombre, il écrit d’une traite et ne retravaille pas ses textes. Il m’explique que si l’on corrige un vers, l’équilibre est rompu avec le précédent, le suivant, de sorte qu’une retouche en amène une autre plus haut, plus bas, et dès lors, le moment d’origine, entraperçu, est perdu.



Double méprise si un mot

Ne vient étoiler

La langue silencieuse



L’ancien professeur de français, appelé, pour ses élèves, à répéter, corriger, reformuler inlassablement, années après années scolaires, aborde la poésie, forme originelle et ultime de toute langue, au débotté, à l’instinct, au sentiment pur. C’est que la langue n’a plus la même fonction. Au-delà de l’outil de communication, dont il convient de maîtriser les règles et exceptions, en poésie, elle s’emporte au-delà de ses propres frontières, souvent étroites en regard de la pensée, des émotions et de leurs saisissements. Il y a du hiatus au gouffre entre la langue et l’instant. Elle est raisonnée. Il est fugitif. Philippe Leuckx est donc attentif et vif. Sur le qui-vive.



Premier vigile patient

Qui sème sans savoir

Des mots de pure sève



Telle est peut-être sa démarche : la poésie est son médium vital. Il écrit autant qu’il respire. Un des chapitres de ce recueil est titré Romadesso, contraction de Roma adesso, c’est-à-dire Rome d’emblée, Rome maintenant. Or, cette immédiateté caractérise et fonde son écriture. Avec ce mot-valise, il contracte encore plus la langue qu’elle ne l’exprime elle-même. Comme s’il souhaitait non pas s’imprégner de son environnement, mais être directement imprégné par lui, à l’intérieur même du mouvement continu et ininterrompu de la vie, pour s’en faire le témoin direct, sans même le filtre du temps.



Main perdue, cœur pressé, oh ! comme tout s’assemble pour nous semer, sève bleue de déroute.



Doigts tachés d’ombre, titre effervescent autant qu’évanescent, pluri-rythmique, révèle d’emblée la lumière qui circule, évolue et fuit entre les phalanges, la page, la table de la cuisine. Comment saisir la fugitivité de chaque imminence où l’âme s’intègre jusqu’à l’oubli ? Et tenter ainsi de joindre les deux bouts de l’être et d’exister ? Telle est peut-être la quête absolue de cet auteur infatigable et très émotif.



Tu revenais de fête

L’âme en feu

Engoncé dans ta fièvre
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Le mendiant sans tain

Près du Palais de Justice à Bruxelles, le long du tribunal d’application des peines cognant avec la Place Louise, l’on voit une flopée de cartons fixant le domicile de personnes sans. Puis ils disparaissent, reparaissent, disparaissent, réapparaissent. C’est ainsi tout l’année et j’ai souvent voulu m’approcher, poser une question banale, nouer contact, exprimer je ne sais pas quoi ; une solidarité, je suppose. Mais nos yeux, s’ils se sont croisés, ne se sont jamais rencontrés. Alors, chaque fois, de la tristesse me coulait un peu dans les veines, mon visage se tournait vers le sol, et je reprenais mon chemin, m’interrogeant le cœur.



Ce regard, Philippe Leuckx l’a plus que croisé, il l’a traversé. Et ce qu’il y a vu, tout au plus profond, c’est l’attente. Et l’air. Leur transparence : de l’attente, de l’air et des mendiants. Soit la translucidité d’un miroir sans tain dont on ne sait dans quelle direction il se tourne. Côté passant qui ne les voit pas ? Côté mendiants qui n’espèrent plus ? Qui regarde qui ? Et qui ne se regardent plus. Le mendiant sans tain est évidemment un portrait d’inhumanité.



L’attente éteint lentement toute émotion. Puis au bout, qu’attend-t-on ? On ne sait plus. L’auteur offre des pistes. La solitude et la patience à pleurs de peau. Le souvenir « comme une grappe de joie ». L’indignation et la peur, « nos petites mains tremblantes ». La rime cadenassée entre cartons et saisons. La lente déshérence vers des plages en loques. Et surtout :



De n’être qu’un reflet

De l’autre côté de la vitre

Ou de la vie



L’auteur m’a écrit alors que je le questionnais par email : « Le mendiant sans tain est l’errant, le vagabond, l’exclu, le rejeté, le sans abri, l’invisible de nos sociétés de façade, dont l’argent est le moteur. C’est aussi le poète (certains poèmes l’attestent) guère favorisé par le système littéraire. C’est la métaphore des solitudes actuelles. Comme la nuit, le mendiant est de toutes les transparences ; il est si peu visible qu’on le confond avec le décor. »



Alors il attend dans un monde sans teinte et sans moyen d’y remédier. « Il y a bien un nez rouge / Qui dégoutte là au bout ». Cependant, insidieusement, le mendiant comprend.



Le mendiant n’est déjà plus



Se trompe pour sûr de vie



D’un corps bien étranger

Qu’il ne reconnait plus
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Ce long sillage du cœur

Philippe Leuckx se contraint à compter les pieds pour ne pas verser dans un pur lyrisme. Cela lui permet de garder raison et de ponctuer les vers qui énumèrent ses émotions. Lui-même se définit comme poète sensationiste, en référence à la philosophie selon laquelle toutes les connaissances viennent des sensations ;



La nuit même éclairée



La technique et les figures de style ne s’exposent pas ou ne se voient plus car l’auteur a assez écrit pour les avoir pleinement intégrées, visant la simplicité. De sorte qu’il est en mesure de noter les instants dans son carnet, sur le vif, en promenade, évitant soigneusement à son retour de retravailler la rythmique du paysage qui s’est naturellement métamorphosée en mots.



J’avais pour compagnie

Un ruisseau



Ce long sillage du cœur recueille soixante-deux poèmes qui coulent comme une rivière, montent comme la sève de l’arbre, tombent comme un rai de lumière entre ses branches, sentent l’humus des petites villes et l’asphalte des campagnes. Lors d’un entretien par téléphone, Philippe Leuckx s’étonne de la fluidité du verbe que son corps accueille, que son cœur ressent, que sa main transcrit entre ombre et lumière, thème central où



La beauté s’impose sans effort



Le livre rend hommage à Jules Supervielle, innocent forçat de styles très différents, justifiant la présence de poèmes épousant toutes formes. Il s’articule en six parties dont cinq sont dédiées à autant d’auteurs. Philippe Leuckx reprend par exemple à André Hardellet la pratique littéraire de restituer des moments autobiographiques avec le plus de détachement possible et selon un « je multiple » où se fondent les mondes extérieur et intérieur.



Mon cœur est plein de fenêtres



Ailleurs, à l’instar de Fernando Pessoa et ses Fragments d’un voyage immobile, l’auteur explore le temps, l’enfance, infatigable « wanderer dans l’errance et l’incertitude » comme le préface Françoise Lefèbvre, elle-même citée pour ouvrir la quatrième partie du recueil. Là encore le plus court instant et le détail le plus ténu deviennent une trace biographique ;



Invisible vraiment sous la chemise



« Pèlerin de soi », Philippe Leuckx pérégrine depuis toujours, d’espaces mentaux en paysages grands ouverts, convaincu et confiant que



La justesse est un chant

De syllabes et de terre
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Lumière nomade

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