Nous t'avons donné la vie, nous t'avons donné la mort.
Te voici lumière au monde. De la mèche ou de la cire, qui
nourrit la flamme de la bougie ? Que serait-elle sans les
bouffées d'air sous lesquelles elle vacille ?
Ne sépare pas ce qui est uni, garde avec toi ta mort,
laisse-la grandir, émerger même, qu'elle puisse vérifier
l'ombre sous le soleil qui t'illumine, rire et chanter au
tempo de tes pas. Garde avec toi ta mort, qu'elle soit
ta compagne dissidente. Peut-être n'auras-tu pas assez
de toute une vie pour l'aimer. Elle est si claire que tu as
peine à la voir. Apprivoise-la, aime-la, afin qu'en ces
jours sombres où tu marcheras sur le fil tranchant du
désespoir, elle puisse agiter son aile, te pousser à
tomber du côté de la vie.