Paradoxale parce qu'à la fois insensée et susceptible de susciter la réflexion, la souffrance l'est aussi parce que l'oubli fait souvent suite au trop plein de sa présence, dès que le patient guérit. Elle reste toutefois, pour le bipolaire qui l'a éprouvée, une éventualité terrorisante qu'il veut à tout prix éviter. C'est pourquoi, en dehors de tout épisode, de nombreux sujets bien stabilisés présentent néanmoins comme une invisible blessure, sous la forme discrète et permanente d'une inquiétude, comme une paille dans leur insouciance.
Paradoxale parce qu'à la fois insensée et susceptible de susciter la réflexion, la souffrance l'est aussi parce que l'oubli fait souvent suite au trop plein de sa présence, dès que le patient guérit. Elle reste toutefois, pour le bipolaire qui l'a éprouvée, une éventualité terrorisante qu'il veut à tout prix éviter. C'est pourquoi, en dehors de tout épisode, de nombreux sujets bien stabilisés présentent néanmoins comme une invisible blessure, sous la forme discrète et permanente d'une inquiétude, comme une paille dans leur insouciance.
La toute-puissance et la vitesse, présents dans l'état maniaque, grisent le patient et lui donnent un sentiment profond et immédiat d'assurance alors qu'une analyse élémentaire du réel devrait au contraire l'inciter à la prudence. Il se croit à l'abri du danger et n'hésite pas à éliminer l'autre du paysage s'il ne participe pas à son enthousiasmant projet. Fréquemment au bord du chemin alors qu'il se croit en plein milieu de celui-ci, le maniaque est souvent absorbé par le paysage grandiose auquel il aspire et néglige la route qui y conduit.
Le mélancolique ne perçoit pas la spécificité et l'unicité des êtres humains comme une richesse, mais comme une preuve supplémentaire de son isolement absolu.
Ainsi, à la fois absolument seul et à l'unisson de la création, le patient bipolaire éprouve-t-il une forme de contradiction existentielle dans laquelle il se perçoit comme vivant une expérience dont l'unicité le blesse autant qu'elle affirme sa présence.
Ainsi, à la fois absolument seul et à l'unisson de la création, le patient bipolaire éprouve-t-il une forme de contradiction existentielle dans laquelle il se perçoit comme vivant une expérience dont l'unicité le blesse autant qu'elle affirme sa présence.
Le mélancolique ne perçoit pas la spécificité et l'unicité des êtres humains comme une richesse, mais comme une preuve supplémentaire de son isolement absolu.