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Citation de art-bsurde


On a vu dans le chapitre 2 que les médicaments indispensables sont presque tous "génériquables". Mais ce n'est pas le cas des molécules utilisées dans les trithérapies anti-sida : ces médicaments indispensables sont protégés par des brevet pour au moins dix ans encore. Seulement 5% des quarante millions de personnes infectées par le VIH sont actuellement soignées.
Et, de ce fait, leur prix est tel qu'ils sont inaccessibles à la majorité des malades, avec une conséquence effroyable : les deux-tiers des personnes infectées par le virus du sida vivant en Afrique, la non-disponibilité des traitements antiviraux y fait trois millions de mort par an! Selon le Programme des Nations unies pour le développement, 40% des femmes sont infectées par le virus du sida au Botswana, un tiers de la population est séropositive au Lesotho et l'espérance de vie a reculé de 25 à 30% dans plusieurs pays d'Afrique. D'une manière plus générale, les maladies infectieuses sont responsables de 43% des décès dans les pays du tiers monde, contre 1% dans les pays riches, ce qui ne s'explique que par la manque de disponibilité des médicaments anti-infectieux!
On pourrait penser à première vue que l'industrie pharmaceutique a mal envisagé les conséquences de sa rigidité dogmatique qui fait mourir des millions de personnes en Afrique. Tous les efforts de communication qu'elle pourra faire dans les années à venir ne changeront rien à un état de fait qui risque d'aller en s'aggravant : l'industrie pharmaceutique sera tenue pour responsable du drame africain. En ayant perdu sur le terrain de la morale la plus élémentaire, elle pourrait bien y perdre au-delà de tout ce qu'elle peut imaginer sur les autres plans, y compris financier.
Rappelons les faits. Comme le Brésil, l'Afrique du Sud a cherché les moyens de mettre les antiviraux à la disposition de ses citoyens sans se plier aux exigences des laboratoires propriétaires des brevets. Ce pays a les moyens technologiques et industriels de ne pas respecter les brevets, ce qui n'est évidemment pas le cas de certains de ses voisins beaucoup plus démunis mais tout autant menacés par le sida, comme le Lesotho par exemple. En 1997, le gouvernement a adopté une loi autorisant la production locale et l'importation des génériques à bas prix qui copient des médicaments encore protégés par des brevets. Trente-neuf des plus grands laboratoires pharmaceutiques du monde ont alors poursuivi l'Afrique du Sud pour violation des accords internationaux. Le scandale international a finalement été tel que, sous la pression, les industriels y ont finalement renoncé le 19 avril 2001. Mais le gouvernement américain a pris leur relai de manière plus discrète, pour faire renoncer les pays récalcitrants et les obliger à adopter une interprétation rigide - la sienne - du droit international sur les brevets.
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