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Critiques de Philippe Raynaud (10)
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Philippe Muray

Une quinzaine d'années après la mort de Philippe Muray, les penseurs libres qui subsistent encore en France commencent à mesurer l'importance de cet auteur. A la fin de sa vie, il a connu la notoriété grâce aux lectures scéniques de ses textes par Fabrice Lucchini, et même dans la sphère médiatico-littéraire, qui ne peut étouffer éternellement le génie dans un pays non encore domestiqué. De là, ce volume des Cahiers d'Histoire de la Philosophie, ouvrage collectif publié par le Cerf en 2011, et qui fait le point sur l'auteur.



Philippe Muray est l'artiste et le penseur qui eut le courage de se colleter avec notre monde dans ses récentes transformations. Pour simplifier, l'oppression politique et idéologique contemporaine fait croire qu'elle agit pour notre bien, qu'elle incarne le progrès et la résolution de toutes les souffrances de l'affreux passé. Elle nous donne à croire qu'elle réalise l'utopie sur terre : plus de frontières, plus de maladies, plus de "haine", plus de différences, et donc, plus de différends. Pour accomplir son oeuvre, elle diffuse une propagande progressiste de tous les instants, change le langage même, comme on le voit ici tous les jours sur Babelio, et anesthésie les esprits dans un bavardage bébé plein de bons sentiments.



Afin de dévoiler les stratégies de domination contemporaines, Muray pratique l'outrage, ce qui l'a fait passer pour un polémiste dans la presse paroissiale (Monde, Libé, Inrocks), alors que rien n'est plus comique qu'une simple citation de Mme Hidalgo ou du NPA. Muray se contente de citer les médias, et cela suffit : ce monde progressiste n'a pas l'habitude de se regarder dans la glace. Mais il va plus loin et approfondit son enquête en étudiant la généalogie du progressisme, dans son "XIX°s à travers les âges", en quoi il fait oeuvre nietzschéenne d'archéologie du ressentiment et des préjugés moraux contemporains. A l'image de Nietzsche, il brouille la distinction entre le penseur et l'artiste : son idée directrice, c'est que la littérature, le roman en l'occurrence, dévoile les horreurs du présent mieux que ne saurait le faire une sociologie de cour. Bien sûr, pas tous les romans ... Duras, Makine, Picouly, "auteures" engagées et autres polars nordiques ne sont pas concernés. Son style extraordinaire fait partie intégrante de sa pensée, et c'est dans les essais littéraires qu'il a écrits, sur Céline et Rubens, qu'il a placé le meilleur de sa pensée.



Ce fort volume analyse donc tous les aspects d'une oeuvre que la mort a close sur elle-même. Beaucoup d'études donnent envie de relire ou de lire ce qui est moins connu de lui. Même les chroniques les mieux ancrées dans une actualité déjà périmée (et rien ne se périme davantage que cela) conservent leur valeur jubilatoire et prophétique : il suffit de changer les noms, le reste suit. Ce livre, très spécialisé, ne jouera pas le rôle d'introduction à l'oeuvre de cet auteur majeur : il n'est utile qu'à des lecteurs déjà fidèles de Philippe Muray, qui sont passés au crible de ses essais et qui ne peuvent plus voir le monde-monstre d'aujourd'hui de la même façon.
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Emmanuel Macron : une révolution bien tempérée

Masse critique février 2018

Je remercie Babelio et les éditions DDB pour ce livre

Pas spécialement intéressée par les livres d'analyse politique, j'étais assez curieuse du phénomène Macron et intriguée par le titre de cet ouvrage. Philippe Raynaud donne ici des explications à l'élection d'un homme que personne n'attendait là si vite. L'auteur se révèle très pédagogue quant à l'évolution de la vie politique française. Un retour intéressant sur l'année 2017 du milieu politique et les élections.

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L'esprit de la Ve République

Le Professeur Philippe Raynaud a récemment écrit un stimulant essai intitulé L'esprit de la Ve République. L'histoire, le régime, le système. Paru aux éditions Perrin, l'ouvrage s'apparente à un témoignage de l'auteur, dont la vocation de (re)lier les perspectives politologiques et juridiques, très souvent dissociées dans les Facultés françaises de droit et de science politique.



Sans être un militant de la Ve République, l'auteur la préfère à la VIe... Dans ces pages érudites et très agréables à lire, Philippe Raynaud invite à réfléchir sur les transformations de la Ve République, en particulier celles qui n'étaient pas initialement prévues. Malgré les aspirations (voire les préventions...) gaulliennes, la Ve République ne s'est-elle pas imposée grâce aux... formations politiques? Ce régime étonne en raison de sa longévité et de sa capacité à survivre aux crises. Sa souplesse la rend immuable, alors que les orgues de sa disparition jouent presque en permanence de tristes partitions. Sans simplifier abusivement, Philippe Raynaud raconte cette Ve République à partir de quelques points d'inflexion décisifs. Ainsi l'année 1962 marque-t-elle une première mutation et, même, l'altérataion définitive du projet initial en faveur d'une sorte de démocratie plébiscitaire. Les années Mitterrand et, plus spécialement, 1983 constituent une autre rupture, puisque le tournant de la rigueur permet le passage d'un quadrille bipolaire (soit deux camps politiques - gauche et droite - comportant chacun deux grandes sensibilités - les socialistes et les commmunistes à gauche ainsi que les gaullistes et les membres de l'UDF à droite) à un système de partis moins conflictuel. Cela a été rendu possible par l'érosion du PCF et par le choix de la plupart des courants politiques en faveur de réformes dans un cadre européen. Cette configuration, a-t-on remarqué le 23 avril dernier, vient de s'effondrer. Reste à voir si les élections législatives permettront la naissance d'un système primo-ministériel, analogue à ce qui se pratique outre-Manche et au delà du Rhin. Le présidentialisme majoritaire aurait alors vécu et le chef de l'Etat serait condamné à la portie congrue d'un arbitre (devant céder le capitannat...).



Une véritable réussite ! A lire !
Lien : http://www.editions-perrin.f..
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Emmanuel Macron : une révolution bien tempérée

Ce petit essai très érudit explique le contexte politique de l’accession d’Emmanuel Macron au pouvoir et met en perspective ce qui, bien qu’inattendu et spectaculaire, résulte d’une situation mise en place dès les années quatre-vingt…

L’analyse de Philippe Raynaud part d’un constat simple. Depuis les années Mitterrand, la droite et la gauche (RPR-UMP-LR et PS-PC) pratiquent une alternance douce avec peu de bouleversements politiques. Leur mainmise sur le processus électif tient principalement au fait que les extrêmes (gauche et droite) sont cantonnés dans une contestation minoritaire et incapables d’accéder au pouvoir suprême, pour peu qu’elles le souhaitent.

Néanmoins, dès 2002, avec l’avènement du Front national, puis avec la montée en puissance de la contestation à gauche (NPA puis France Insoumise), cet équilibre traditionnel va tanguer. Il va tanguer d’autant plus qu’au fil des élections, la droite va s’affaiblir et le PS sombrer définitivement au cours du quinquennat de François Hollande.

La chute du PS (miné de l’intérieur et par une gouvernance médiocre), les aléas de la droite traditionnelle (affaires Fillon) et la prestation pitoyable de Marine Lepen au moment des présidentielles, vont laisser le champ libre à une nouvelle force qui va transgresser l’habituelle alternance d’un système bipolaire à bout de souffle.

Le MODEM sent l’avantage qu’il y a à tirer du vide laissé par les grands partis institutionnels, et miser sur ce jeune homme politique qui se déclare autant de droite que de gauche (d’où il est issu), comme n’étant ni de droite ni de gauche… L’avènement d’Emmanuel Macron, bénéficiant alors d’un alignement de planètes très favorable, devenait une éventualité tangible !

Le désir de renouveau et de réformes plus justes exprimé par le peuple, la force charismatique d’Emmanuel Macron et le dynamisme de son jeune mouvement En Marche ont fait le reste, et accompli ce que Philippe Raynaud qualifie de Révolution tempérée.

Evidemment, l’accession d’Emmanuel Macron est plus complexe que je ne le résume ici, et Philippe Raynaud prend le temps d’approfondir le phénomène en évoquant le contexte européen, libéral, et mondialiste ainsi que le rapport d’Emmanuel Macron au pouvoir jupitérien dont il endosse les fastueux habits avec désinvolture mais sans prétention (rétablissement d’un vrai pouvoir vertical et d’un projet fort et novateur).

Comme tout essai sérieux, celui-ci n’échappe pas à la règle. Il est dense, touffu, parfois un peu abscond pour le novice que je suis en stratégie politique. L’auteur ne laisse guère de temps au lecteur pour reprendre son souffle. On est loin de ce qui aurait pu être un Macron pour les Nuls !

Malgré tout, cet ouvrage possède une valeur pédagogique indéniable. Sans prendre parti, Philippe Raynaud nous guide au long d’un cheminement improbable, même pas imaginable il y a encore un an, la prise de pouvoir d’un homme d’à peine quarante ans sur la cinquième puissance du Monde ! Ce séisme, car c’en est un, soulève une vague de fond dont nul ne peut prédire jusqu’où elle va nous mener.



Michelangelo 2018-03-23


Lien : http://jaimelireetecrire.ove..
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Emmanuel Macron : une révolution bien tempérée

J'ai gagné cet ouvrage dans le cadre de l'opération Masse Critique.

Je remercie Babelio et les éditions DDB pour l'envoi.

Engagé politiquement et assez désabusé par le déroulement des dernières élections présidentielles (absence de débats d'idées, coups bas, marketing, images... ), j'étais impatient de lire cette analyse politique comme le stipule le bandeau.

Le premier élément à souligner est sa facilité de lecture. L'auteur fait preuve de beaucoup de pédagogie dans ses explications et cherche au maximum à illustrer ses propos pour les rendre compréhensibles.

Découpé en 5 chapitres, le contenu est très accessible pour le "citoyen lamba". Ni trop politique, ni trop "bling bling" (comprendre par là que l'ouvrage est documenté et que des explications sont fournies, l'auteur ne se contente pas d'aligner des faits dans l'optique de créer le buzz), il est de plus très bien structuré. Les transitions en fin de chapitre sont parfaitement maîtrisées par l'auteur, ce qui est aussi agréable que motivant pour continuer l'exploration.

Sont analysées les campagnes de droite (LR), de gauche (PS), des extrêmes (FN et FI) ainsi que LREM.

C'est pertinent mais manque peut etre parfois un peu de profondeur. Si quelques arguments font mouches, certains sont répétées à multiples reprises ce qui a tendance à les discréditer.

Le titre, reprise du best seller de notre nouveau président, est bien trouvé! En effet, l'auteur démontre que son élection est à la fois un concours de circonstance, de bon alignement des étoiles mais aussi des erreurs des différents parties historiques (les erreurs de Alain Juppé, l'affaire FrançoisFillon, le "suicide" du PS avec le choix de Benoit Hamon, le quinquennat de François Hollande).

Y ai je appris des choses? Oui et non.

Ai je aimé le livre? Clairement oui car comme je le précise plus haut, c'est une vraie analyse.

Si vous souhaitez en savoir plus sur la dernière campagne présidentielle de manière "transversale" et "neutre", je ne peux que vous conseillez cet ouvrage.

Je serai ravi d'en débattre avec vous.
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Dictionnaire de philosophie politique

c interessant mais le fait de ne pas savoir la méthode de téléchargement nous bloque

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La Politesse des Lumières. Les lois, les moeu..

De ce colloque des grands esprits, Philippe Raynaud tire avec subtilité une leçon en forme de question: une société démocratique pourra-t-elle jamais se passer d'égards puisque la civilité est le premier pas d'une civilisation ?
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La Politesse des Lumières. Les lois, les moeu..

Philippe Raynaud reconstruit la controverse méthodiquement, passant de Voltaire à Montesquieu, de Kant à Madame de Staël, de Hume [...]
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
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Trois révolutions de la liberté. Angleterre, Am..

Critique de Aliocha Wald Lasowski pour le Magazine Littéraire



S'appuyant sur l'histoire des révolutions démocratiques et libérales des xviie et xviiie siècles, Philippe Raynaud revient sur la manière dont la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis sont entrés, au tournant des Lumières, dans la modernité politique. La différence entre les trois révolutions, explique Philippe Raynaud, tient à la nature du projet qui les inspire. De la Magna Carta (1215) au Bill of Rights (1689), la voie anglaise est fondée sur la tension entre la logique de la souveraineté (du roi, puis du Parlement) et celle du common law comme rationalisation du droit. Cette tradition est profonde : c'est en vain que le Parti travailliste a essayé de déposséder la Chambre des lords de ses pouvoirs. Depuis Tocqueville, les États-Unis apparaissent comme le laboratoire de la démocratie moderne. La Révolution américaine associe radicalisme et modération, la Déclaration d'indépendance rédigée par Jefferson (1776) articule loi naturelle et droit de résistance. Modéré dans sa rhétorique, ce texte dénonce les abus du roi d'Angleterre George III et avance que le peuple peut juger les gouvernements. La France a fait de l'exception la règle et pose les droits inaliénables de l'homme. À partir de ces principes de 1789, la Terreur de 1793 était-elle inévitable ? Selon La Phénoménologie de l'esprit de Hegel (1807), la réduction de la légitimité des institutions à l'utilité conduit au règne de la liberté absolue, dénoncée par la tradition libérale. Pourtant, Benjamin Constant défend l'« heureuse Révolution » ; Guizot loue la stabilité de la République post-thermidorienne ; Tocqueville, dont la famille a été décimée par la Terreur, rend hommage à 1789. Héritier des Lumières, le libéralisme français du xixe siècle reconnaît ainsi sa dette à l'égard de la Révolution. Comme le conclut Philippe Raynaud, l'histoire de la liberté moderne s'est bien écrite en plusieurs langues.
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Trois révolutions de la liberté. Angleterre, Am..

Critique de Aliocha Wald Lasowski pour le Magazine Littéraire



S'appuyant sur l'histoire des révolutions démocratiques et libérales des xviie et xviiie siècles, Philippe Raynaud revient sur la manière dont la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis sont entrés, au tournant des Lumières, dans la modernité politique. La différence entre les trois révolutions, explique Philippe Raynaud, tient à la nature du projet qui les inspire. De la Magna Carta (1215) au Bill of Rights (1689), la voie anglaise est fondée sur la tension entre la logique de la souveraineté (du roi, puis du Parlement) et celle du common law comme rationalisation du droit. Cette tradition est profonde : c'est en vain que le Parti travailliste a essayé de déposséder la Chambre des lords de ses pouvoirs. Depuis Tocqueville, les États-Unis apparaissent comme le laboratoire de la démocratie moderne. La Révolution américaine associe radicalisme et modération, la Déclaration d'indépendance rédigée par Jefferson (1776) articule loi naturelle et droit de résistance. Modéré dans sa rhétorique, ce texte dénonce les abus du roi d'Angleterre George III et avance que le peuple peut juger les gouvernements. La France a fait de l'exception la règle et pose les droits inaliénables de l'homme. À partir de ces principes de 1789, la Terreur de 1793 était-elle inévitable ? Selon La Phénoménologie de l'esprit de Hegel (1807), la réduction de la légitimité des institutions à l'utilité conduit au règne de la liberté absolue, dénoncée par la tradition libérale. Pourtant, Benjamin Constant défend l'« heureuse Révolution » ; Guizot loue la stabilité de la République post-thermidorienne ; Tocqueville, dont la famille a été décimée par la Terreur, rend hommage à 1789. Héritier des Lumières, le libéralisme français du xixe siècle reconnaît ainsi sa dette à l'égard de la Révolution. Comme le conclut Philippe Raynaud, l'histoire de la liberté moderne s'est bien écrite en plusieurs langues.
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