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Citation de Partemps


Paris

Lundi 18 juillet 1994
18 heures

Bonsoir, Amour de ma vie,

Je viens de t’entendre me dire adorablement que tu n’avais rien à raconter, et je fonds de bonheur tellement c’est juste, tellement c’est dans la moelle de l’amour. Nous n’avons rien à nous raconter d’autre que ce mystérieux mouvement vers l’autre. Si violent qu’il n’est pas transposable au moyen des mots. En réalité, chacun de tes appels téléphoniques a l’impact de l’explosion jupitérienne qui vient d’avoir lieu. Seuls pourraient intervenir les astronomes qui sont les spécialistes des mondes impossibles mais peut-être aussi, par voie poétique, ce qui nous arrive à nous. Grandeur de la science, grandeur de la simplicité dans l’amour. Je suis arrêtée tout à l’heure par une femme, bourgeoisie gentille, la cinquantaine environ, qui me dit : « j’aime vos livres, quel est le vrai nom de l’homme de votre vie, dites-le-moi ... » Devant mon refus, elle enchaîne : « oh bien sûr, ça doit se savoir dans les milieux littéraires » et elle s’est volatilisée sans insister, après avoir conclu : « C’est une si belle histoire ! »
Ce que tu m’écris à propos des mouettes est magnifique : leurs chambres d’échos, elles chantent leurs souvenirs de vol, elles communiquent par ricochets sonores, etc. Tu es un admirable chéri qui m’épate, à la fois en surface, en profondeur, en oblique. Pas un seul écrivain n’est capable de tels éclairs jubilatoires de sensations à part toi, Mon splendam, (et peut-être un peu moi aussi, de temps en temps). Je me sens bien aujourd’hui. Deux ou trois pages encore, et l’Ac. [3] sera bouclé. Au fond, je suis allée assez vite : je l’avais recommencé le 14 février, donc cinq mois de travail. À demain, dors bien.
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