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Citation de Oreane


L’accès aux appartements floutés par les reflets du double vitrage m’était interdit par un maillage serré de serrures à trois points, de détecteurs de mouvement et d’alarmescontact. Seule une fête me permit de franchir le mur de verre des façades: descendu sur un balcon où se pressaient des fumeurs, je me mêlai aux discussions du groupe puis, un verre à la main pour me donner une contenance, pénétrai dans l’appartement attenant, où une cinquantaine de convives gesticulaient au son d’une musique poussée à fond. Ma mise négligée, dont les heures d’escalade étaient venues accentuer le dé- sordre, aurait dû immédiatement me signaler comme intrus, mais personne ne remarqua ma présence. […] Enivré par ce sentiment d’invisibilité, je me mis à frôler les corps. Certains se détournaient, mais d’autres, au contraire, se laissaient faire, voire recherchaient le contact. Il y eut cette chevelure longue et rousse que j’effleurai du dos de la main avant de faire jouer mes doigts entre les boucles, sa propriétaire accompagnant mes gestes de légers mouvements de la nuque comme pour donner de l’ampleur à chaque caresse; il y eut ce pied dont les doigts vernis jouaient sous une table avec des lanières de chaussure et dont je me saisis, faisant glisser mes ongles le long de sa voûte jusqu’à ce que l’épiderme se rétracte et s’offre. Privé d’identité, je ne fus, pendant quelques heures, qu’un bouquet de nerfs sans terminaisons. Et jamais ces visages longuement embrassés dans la pénombre n’ouvrirent les paupières pour me voir, jamais ces bras déjetés dans l’étreinte ne se refermèrent sur moi .
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