L’auteur est un ancien président de la société d’Émulation de Roubaix et chez Atramenta était sorti de sa plume en 2013 "L'Occupation Allemande à Roubaix - 1914-1918". Il maîtrise donc parfaitement la période historique évoquée et l’évolution de l’urbanisme dans cette ville du Nord, frontalière de la Belgique.
Comme nombre de cités des Ardennes relativement voisines, elle est occupée de fin août 1914 à octobre 1918. Elle a la rare particularité d’être quasiment pendant quatre ans à environ vingt kilomètres du front et donc d’être bombardée par les Anglais, voire plus rarement par les Français. Elle cumule donc nombre de problèmes : exigences des autorités allemandes (y compris de personnes à envoyer travailler en Allemagne) et destructions dues aux deux camps. Les conditions de ravitaillement y sont extrêmement difficiles.
D’ailleurs cet ouvrage propose trente pages, sous le titre de "Chronologie des évènements pendant l’occupation allemande à Roubaix" qui ont pour rédacteur l’ancien conservateur des Archives municipales de Roubaix.
L’intrigue de "La grande séparation" se déroule entièrement à Roubaix, mais à deux époques différentes, celles de la Grande Guerre et celle du début du XXIe siècle. Deux journalistes des années 2010 vont chercher à identifier les squelettes d’un homme et d’une femme mort emmurés sous d’un bombardement britannique de la cité début 1918.
Appartiennent-ils à un réseau d’informateurs résistants, font-ils du marché noir, sont-ils victimes d’une vengeance personnelle ? La femme porte un médaillon au nom d’Amélie, mais quoique connaissant fort bien une Amélie, elle ne se prénomme pas Amélie. C’est tout un réseau de personnes (françaises ou allemandes) en relations de solidarité ou d’opposition qui va finalement devoir être reconstitué. Dans le rôle de la scélérate, on trouve une boiteuse ; ceci est bien en phase avec les attributs que l’on donnait dans les romans feuilletons aux personnages négatifs tant à la Belle époque que sous les Années folles.
Il est à noter que l'éditeur Pôle nord éditions, outre "La grande séparation" propose d'autres romans historiques policiers, ayant un rapport avec la Grande Guerre (même si l’essentiel de l’action peut parfois être sous les Années folles) qui se déroulent dans la Somme, dans le Nord, ou le Pas-de-Calais. Ce sont, tous sortis récemment : "Le ruisseau rouge", "Les rois de rien" de Pierre Saha, " La dernière croix", "Dans l'œil du cyclope" de Jean-Christophe Maquet (avec le camp britannique d'Etaples) et "Le planqué des huttes" qui évoque, comme "Souviens-toi de moi" (chez un autre éditeur) l'importante présence de travailleurs chinois dans la zone des armées (dans la proportion de deux sur trois recrutés par les Britanniques).
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Mortel Cambrésis de Philippe Waret fait partie d'une collection intitulée « polars en nord ». Ces livres sont écrits par des passionnés du nord de la France.
L'intrigue de Mortel Cambrésis débute en 1870 au moment de l'invasion de la France par la Prusse. En juillet 1870, au sein d'une ferme des Hospitaliers, les frères sont en train d'accueillir un nouveau postulant, le jeune Thomas. Au milieu de la cérémonie la ferme est attaquée. Tous les frères sont tués et la ferme totalement incendiée. Seul Thomas a réussi, grâce à l'aide d'un des frères, à s'enfuir. Vingt ans plus tard il décide de revenir au village. Il est décidé à faire la lumière sur la destruction de la ferme bien opportunément attribuée à un groupe de Prussiens de passage.
L'idée d'un village qui fonctionne à huis-clos sous la coupe d'un maire autoritaire est intéressante. Cependant les personnages manquent un peu de nuances. Le héros Thomas est vraiment gentil et n'a aucun défaut tout comme ses compagnons venus lui prêter main-forte. Le déroulé de l'histoire est très linéaire, peu d'actions s'entrecroisent. Malgré cela, j'ai lu le livre avec entrain et plaisir. L'écriture est agréable, fluide.
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