Philippe de Saussure

Un an plus tard, je lui demande par écrit de ses nouvelles. Elle me répond [...].
L'hypnothérapie s'est donc inscrite dans un processus d'amélioration générale de l'hygiène, de vie, au milieu duquel la défécation a retrouvé une certaine harmonie. On voit que le soulagement remarquable que Gabriela me décrit ne provient pas de la disparition totale des symptômes, mais plutôt d'une réharmonisation corporelle, on serait presque tenté de dire d'une "pacification". Cet exemple nous encourage aussi à prendre des nouvelles de nos patients : si je ne l'avais pas fait, je n'aurais pas su combien, cette courte thérapie avait contribué à adoucir les symptômes.

Je lui demande comment elle imagine es "clips" : elle me dessine d'énormes agrafes métalliques ! Je lui explique que les clips sont des petites agrafes précises, qui ressemblent à "de l'orfèvrerie", et qu'on dirait un peu des pièces de "fermoirs pour colliers". Ces mots et ces images parlent à son imaginaire, je le vois à son expression de soulagement. Je lui explique ensuite que la place laissée libre dans le ventre par le sacrifice de l'utérus, est aussitôt occupée par les organes du voisinage qui se réjouissent de s'y installer, souplement, harmonieusement, c'est une compétence naturelle du corps. Enfin, je l'informe que les sutures à l'intérieur sont très solides, et résisteront à toutes ses activités, le chant, le sport, et les relations intimes. A nouveau, elle m'exprime un mélange d'étonnement et de soulagement.

Auto-hypnose aux WC
Principes
Cette technique très simple n'a de "digestif'" que ses indications et les circonstances de sa mise en oeuvre. On enseigne au patient une méthode élémentaire d'auto-hypnose, à utiliser lorsqu'il est aux WC, que ce soit chez lui ou à l'extérieur. une technique de base est celle des "eux voiliers" : imaginer qu'on est bien installé en bord de mer, et que l'on observe, loin sur l'horizon, deux voiliers qui apparaissent comme de minuscules triangles blancs. On constate qu'ils semblent se rapprocher l'un de l'autre, très lentement ... jusqu'au moment où ils se superposent ... puis se séparent à nouveau, et s'éloignent lentement...

Dissociation (le « point de vue de l'observateur », PVO)
Principes
Il s'agit d'inviter le patient en transe à se dissocier en « deux parties de lui-même ». L'une des deux représente lui-même quand il est pris par son symptôme : elle est mise à distance par exemple sur un écran de cinéma, de télévision, ou par un autre moyen visuel de prise de distance réglable ». L'autre partie représente le patient dans un état plus serein, en possession de ses ressources, tel qu'il est par exemple pendant la séance.

Métaphore idéodynamique
Le principe est de favoriser l'émergence en hypnose (= « idéodynamique ») d'une représentation personnelle qui figure le symptôme, ou la façon dont le patient vit le symptôme, puis de travailler en transe avec cette image : l'exploiter, favoriser son enrichissement, sa transformation spontanée. La métaphore du patient condense de nombreux éléments, certains inconscients. Elle favorise une reconfiguration de perspective. C'est une méthode à la fois exploratoire et thérapeutique.

... certains médecins considèrent ) tort les TFD comme une catégorie résiduelle non diagnostique, une conception parfois exprime aux patients sous forme de l'expression malencontreuse "Vous n'avez rien".
D'autres trouvent imprudent de prendre position de façon affirmative, par crainte de méconnaître une affection rare. C'est l'"origine des expressions de réserve : "probablement", "évoquer", etc. Au contraire, les patients doivent recevoir du médecin un diagnostic positif et certain ; "J'affirme que le diagnostic qui explique vos symptômes est celui de TFD."
[...] on attend du spécialiste qu'il se prononce clairement.

Pour que l'hypnothérapeute puisse offrir un traitement à son patient, il faut que le diagnostic de TFD soit certain.

D'autres trouvent imprudent de prendre position de façon affirmative, par crainte de méconnaître une affection rare. C'est l'"origine des expressions de réserve : "probablement", "évoquer", etc. Au contraire, les patients doivent recevoir du médecin un diagnostic positif et certain ; "J'affirme que le diagnostic qui explique vos symptomes est celui de TFD."

... certains médecins considèrent ) tort les TFD comme une catégorie résiduelle non diagnostique, une conception parfois exprime aux patients sous forme de l'expression malencontreuse "Vous n'avez rien".

[...] on attend du spécialiste qu'il se prononce clairement.

... résumons ainsi la réalité des TFD sous forme de ce que nous appellerons le "modèle fonctionnel" : les TFD dérivent le plus souvent de sensations normales qui sont devenues pénibles. Leur origine est mystérieuse. Il ne s'agit pas d'une pathologie psychiatrique. Les TFD sont modulés par les émotions.

Au moment de nous séparer, je vous adresse une requête : s'il vous plaît, partagez vos connaissances, rendez vos collègues attentifs à ce que vous avez appris. En effet, les patients sont nombreux, et les compétences que vous avez acquises demandent à être partagées généreusement !

Nous discutons assez longuement d'un objectif : car ses premières idées ("ne plus avoir de constipation, que l'évacuation ne soit jamais douloureuse, ...") ne sont pas vraiment réalistes. Finalement, elle ose me dire qu'elle aimerait "retrouver le plaisir de la défécation", ce qui la fait rire car elle est un peu gênée, "au moins une fois par semaine, alors que maintenant ce n'est qu'une fois par mis au plus".

Avant toute anamnèse hypno-digestive, on voit comment la DAP [dyssynergie abdomino-pelvienne] remonte à l'enfance, et que la patiente a une bonne intuition de son mécanisme. La fissure anale est un problème somatique, qui aggrave le cercle vicieux, à tous les âges.

Les transes étaient parsemées de longs silences pendant lesquels la patiente élaborait probablement des réseaux associatifs et perceptifs nouveau reliant ses deux opérations chirurgicales, et les deuils dont elle avait souffert.

C'est le départ d'une transe dans laquelle elle imagine une embarcation de bois, je me contente de suggérer que celle-ci pourrait ressembler à son corps. Après une longue transe paisible, elle me dira qu'elle a ressenti son corps en forme de barque, à la fois transporteur et transporté", ce qui prolongeait l'image que j'avais ébauchée, et lui donne une impression de plénitude, d'harmonie, de confiance.

Il est assez fréquent que les opérations chirurgicales digestives soient suivies de douleurs qui miment exactement celles dont souffrait le patient avant l'opération, alors que leur cause a été en principe supprimée.

La technique d'auto-hypnose aux WC contribue à rompre le cercle vicieux inhibiteur souvent engagé par l'hyper-attention anxieuse qui entoure la défécation en cas d'anisme (dyssynergie abdomino-pelvienne). Elle cherche à restaurer une bonne dissociation entre la conscience et 'activité viscérale, elle évoque des moments d'attention focalisée loin du corps, dans un moment de disponibilité et de bien-être.

Notre « culture culinaire et gustative » plonge ses racines dans l'enfance, et nombre de symptômes digestifs fonctionnels sont associés des affects anciens qui peuvent être explorés par régression en âge. A partir de ces éléments, c'est souvent tout nu univers olfactif d'enfance qui s'ouvre en hypnose, dans lequel le patient est étonné de trouver beaucoup de souvenirs reliés au présent par des ponts affectifs.

La transe ne doit pas nécessairement avoir une « conclusion heureuse », l'important étant que le patient puisse faire l'expérience d'une dissociation bénéfique, qu'il vit généralement comme très éclairante sur la nature de son problème et de nouvelles possibilités de solutions. Dans certains cas, on peut inviter le patient à une dissociation du second personnage, notamment quand celui-ci (« l'observateur ») se trouve en situation émotionnellement difficile. C'est la « double dissociation »