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Citation de migdal


Alors qu'il était tout jeune, Brigitte a appris à Emmanuel l'art déclamatoire. On le sait par les anciennes chroniques. On l'imagine sous les tréteaux, à relever la tête, depuis son petit tabouret, avec une lampe de poche tamisée, dans la trappe du souffleur, au théâtre d'Amiens. Elle le regardait de bas en haut, elle le portait ; parfois, elle lui glissait le mot manquant. Les planches de la scène, sous le pas virevoltant du jeune acteur, craquaient, le public aussi.
(…)
A cette époque où tout semblait facile, personne, dans son entourage, n'aurait pu concevoir que ce comédien d'herbe tendre se trouvât un jour, sur d'autres planches avec, cette fois-ci, des craquements sinistres, obligé d'improviser les commandements de Créon, et de prononcer, devant un public en détresse, les paroles de la raison d’État pour claustrer la ville de Thèbes : Antigone interdite de visite au cimetière, Polynice qui meurt seul devant ses poissons rouges, Aucassin et Nicolette courant après un passeport vaccinal et le plaisantin du Cuvier, enfermé dans sa pièce, qui cuve seul, devenu hydroalcoolique, accusé de « farces complotistes » par les hautes consciences de la radio d’état...

On a changé de théâtre, de répertoire. On a pris soin de masquer le public pour qu'il ne siffle plus. Et on l'a assigné au numérique pour qu'il n'y ait plus d'attroupement. La pièce finit mal. Emmanuel Macron est comme Giscard, dont on a dit qu'il ne savait pas que « l'histoire était tragique ».
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