« L'Histoire vous attend au Puy du Fou », voici la promesse faite par le parc à ses 2 millions de visiteurs annuels. L'Histoire, vraiment ?
Quatre historiens et historiennes, Mathilde Larrère, Pauline Ducret, Florian Besson et Guillaume Lancereau ont enquêté.
Découvrez « le Puy du Faux » (https://arenes.fr/livre/le-puy-du-faux/), une enquête minutieuse qui révèle, derrière les effets spéciaux et les décors somptueux, la bataille culturelle menée par le parc et son fondateur, Philippe de Villiers, pour réécrire l'Histoire de France.
Abonnez-vous à notre chaîne Les Arènes du Savoir https://www.youtube.com/c/lesarenesdusavoir/?sub_confirmation=1
Suivez-nous sur les réseaux
Facebook https://www.facebook.com/editionslesarenes
Instagram https://www.instagram.com/les_arenes
Twitter https://twitter.com/les_arenes
+ Lire la suite

Mes chers enfants, ne cherchez jamais à être aimés de la foule. Si vous l'êtes, c'est par instants, par accident ou par faiblesse. Le royaume est chargé d'incommodité, c'est un fardeau. Son exercice porte au sacrifice et à l'immolation des quiétudes. Soyez comme le rameur de la corporation des nautes, qui traverse le courant de la Seine : gagnez toujours la rive en lui tournant le dos.
Si parfois vous avez des doutes, confiez-les à votre mère : son humilité l'a élevée à la grâce qui lui accorde des lumières précieuses. Ayez l'esprit libre, l'esprit d'aumône. Gardez intactes en vous, en ses accomplissements, les grandeurs intimes de la romanité que vous avez reçues et que j’ai voulu honorer.
N’oubliez jamais la mission que Geneviève m'a rappelée
sur son lit d'agonie : votre famille - notre famille mérovingienne -, aura à porter, de siècle en siècle, avec l'onction, la moitié du manteau de Martin. Cette mission christique de la chlamyde royale vous imposera privations, souffrances, et peut-être même opprobre dans la suite des temps. Ce que vous aurez à incarner et à transmettre, et qui est tout contenu - ou plutôt tramé -, dans les plis du manteau, ce n'est pas un pouvoir, fût-il juste et admirable, c'est la Civilisation.
En ce troisième jour des ides de novembre de l'an 511, en la fête de Saint-Martin
Clovis, rex Francorum.

Je me souviens que, dans nos réunions publiques, deux ans après Maastricht, Jimmy (Goldsmith) et moi avions cette formule qui faisait rire les salles : « Quand toutes les barrières sanitaires seront tombées et qu'il y aura une grippe à New Delhi, elle arrivera dans le Berry. » C'était un rire d'incrédulité : « Ils exagèrent... » En fait, Jimmy avait tout vu, tout dit, tout écrit dans son livre Le Piège, publié en 1993, non seulement sur le plan sanitaire, mais aussi sur le plan de l'économie et de la sécurité. Je racontais tous les soirs, devant nos assemblées de curieux, la même histoire métaphorique sur la « jurisprudence du Titanic » : « Le Titanic a coulé à cause d'une seule lame de glace qui a percé la coque. Parce que la carène du navire n'avait prévu qu'un caisson seulement. Lorsque nous avons créé le Vendée-Globe, nous avons imposé sept compartiments étanches dans la coque de chaque bateau. Si l'un des sept se remplit d'eau, il en reste six... Les compartiments étanches empêchent le bateau de couler. Eh bien, chers amis, la jurisprudence du Titanic, c'est que les nations sont les compartiments étanches de la mondialisation. »
La vie va se rétrécir. On nous recommandera de rester le plus longtemps possible à la maison. Par sécurité - pour rester en bonne santé - et pour éviter de respirer par les yeux les gouttelettes sournoises qui se promènent au feu rouge, sauf à porter, en complément du masque, le loup de Zorro. Le danger, chez soi, sera la déprime. Alors, on se sentira finalement soulagé d'avoir sous la main, auprès de soi, à portée de chagrin, une présence, une console de consolation.
L'épadhisation de la vie nous donnera accès à un tiers accompagnant, un auxiliaire de vie digitale. Les gens de chez Google ont un cœur numérique gros comme la planète. Ils ont prévu jusqu'à l’éventail de nos ultimes passe-temps. On aura le choix entre caresser le siamois qui miaule et promener la souris qui clique.

Alors qu'il était tout jeune, Brigitte a appris à Emmanuel l'art déclamatoire. On le sait par les anciennes chroniques. On l'imagine sous les tréteaux, à relever la tête, depuis son petit tabouret, avec une lampe de poche tamisée, dans la trappe du souffleur, au théâtre d'Amiens. Elle le regardait de bas en haut, elle le portait ; parfois, elle lui glissait le mot manquant. Les planches de la scène, sous le pas virevoltant du jeune acteur, craquaient, le public aussi.
(…)
A cette époque où tout semblait facile, personne, dans son entourage, n'aurait pu concevoir que ce comédien d'herbe tendre se trouvât un jour, sur d'autres planches avec, cette fois-ci, des craquements sinistres, obligé d'improviser les commandements de Créon, et de prononcer, devant un public en détresse, les paroles de la raison d’État pour claustrer la ville de Thèbes : Antigone interdite de visite au cimetière, Polynice qui meurt seul devant ses poissons rouges, Aucassin et Nicolette courant après un passeport vaccinal et le plaisantin du Cuvier, enfermé dans sa pièce, qui cuve seul, devenu hydroalcoolique, accusé de « farces complotistes » par les hautes consciences de la radio d’état...
On a changé de théâtre, de répertoire. On a pris soin de masquer le public pour qu'il ne siffle plus. Et on l'a assigné au numérique pour qu'il n'y ait plus d'attroupement. La pièce finit mal. Emmanuel Macron est comme Giscard, dont on a dit qu'il ne savait pas que « l'histoire était tragique ».

En octobre 2019, personne ne parlait de l'épidémie, personne ne la pressentait - pas même les Chinois. Or, la Commission européenne, anticipant le drame à venir, publia, en accord avec l'OMS, son plan pour une vaccinadon obligatoire et universelle.
En fait, la France - le bon élève de l'Union - anticipa le mouvement, par un excès de zèle et en appliquant à la lettre et dans la précipitadon les instructions de Bruxelles. Sur la base d'une recommandation du Conseil, la Commission européenne avait défini une feuille de route, pour créer un « passeport commun de vaccination » qui serait porté par tous les citoyens de l'Union.
Il ne manquait pas un bouton de guêtre à cette opéradon hautement symbolique : qui dit passeport dit souveraineté. Qui dit passeport européen dit souveraineté européenne. L'affaire semblait giboyeuse.
(…)
Ce qui étonne, dans tout cet arsenal de décisions et dans la précision du dispositif et de la marche à suivre, c'est bien sûr la chronologie. En effet, l'idée d'imposer un « passeport vaccinal » fait suite à un Global Vaccination Summit qui a eu lieu à Bruxelles, le 12 septembre 2019. Ce sommet réunissait la Commission européenne et l'Organisation mondiale de la santé. En d'autres termes, c'est six mois avant les premiers bulletins d'information sur l'épidémie de Covid-19 que les autorités bruxelloises décidèrent de promouvoir la vaccination générale. A l'époque, aucune institution ne pouvait imaginer le mouvement tellurique à venir.
Emmanuel Macron revient à sa fameuse proclamation de Marseille : « II n'y a pas de culture française. » II n'a pas le goût de la France. Ce pays est trop vieux pour lui. Pas assez digital, pas assez mobile, trop classique, trop provincial, trop couturé. Il veut le refaire, le réformer, il y tient, ce sera aux forceps. C’est son reset à lui et son cancel intime. Il est d'un autre monde, le monde à venir, le monde numérique.
Le peuple demande la vérité, il ne l'aura pas. On va lui mentir par action et par omission avec un incroyable aplomb. Le mensonge n'aura qu'un temps. En politique, comme l'a dit Saintignon, la vérité ne triomphe jamais, mais ses ennemis finissent toujours par mourir.
Tous les Français - je reviens sur cet épisode symbolique - ont entendu, le 12 mars, Emmanuel Macron expliquer que les frontières ne servent à rien : « Le virus n'a pas de passeport... » La formule est jolie. Mais c'est un sophisme. Le virus n'a pas de passeport, certes, mais ceux qui le transportent en ont un. C'est-à dire que le virus passe par l'homme ou les animaux qui le transportent. La France est le seul pays au monde qui, jusqu'au bout, aura refusé de rétablir ses contrôles aux frontières. Les pays les mieux épargnés auront été ceux qui ont, les premiers, fermé leurs frontières.

La Maison de la Radio, gardienne des Tables de la Loi, tourne sur elle-même et fait les cent pas, elle monte la garde et fait respecter la loi des suspects. Le jeudi 21 janvier, France Culture s'est interrogée, à l'occasion des trente ans du peut éléphant en costume vert : « Babar est la bonhomie incarnée... Mais, derrière l'éléphant tiré à quatre épingles, faut-il lire une apologie du colonialisme ? » Nous y sommes.
L'anthropologue Gilles Boëtsch a assuré qu'il était important de dire que les livres d'enfants « ne sont plus forcément pour les enfants d'aujourd'hui». L’épuration commence.
La cancellisation et la réinitialisation ressortissent à la même entreprise de rupture du lien qui existe entre les morts et les vivants, ce lien est l'autre nom de la culture.
(…)
Nous vivons désormais sous un régime de dictature hygiéniste. La fermeture des librairies, dans un pays né d'un acte littéraire - La Chanson de Roland -, donne un sens littéral au mot « dictature ». On nous dicte ce qu'on doit penser. On se méfie de la littérature et de l'écriture. On ne veut plus que les gens lisent, on ne veut plus que les gens pensent, on ne veut plus d'artistes. On veut des ventres sur pattes. On veut des gens malléables, masquables à souhait, connectés et traçables à chaque seconde. Orwell avait prédit ce qui nous arrive …
(…)
Tout est lié : l'émergence d'un nouveau vocabulaire pandémical, la remise à zéro du reset, le nettoyage du cancel, le traçage humain et puis, bien sûr, le retour en force de la censure.
Troisième leçon : dans l'histoire des contagions épidémiques, la problématique de l'assignation à résidence a toujours été la même. Dans l'ancien monde des nations, on confînait les mal-portants ; nous, nous avons choisi de confiner les bien-portants. Cette disposition, contraire au bon sens, repose sur des raisons cachées qu'il est temps de dévoiler.