Philippe du Puy de Clinchamps

Dès le XIXe siècle, dans la confusion où se perdit le sens profond du concept de noblesse, la particule va ainsi passer pour un signe de qualité noble. Beaucoup, aujourd'hui, voudraient qu'elle en fût preuve.
Ajoutons que l'authentique noblesse, dès la Restauration et de nos jours plus encore, aida à ce mensonge. Il est rare de voir un gentilhomme de maintenant se faire nommer par son patronyme. Il préfère, lui aussi, être connu sous le seul nom de la terre possédée avant la Révolution, qui est généralement resté dans son état civil. Il faut être un spécialiste pour savoir que les d'Ormesson, une des brillantes familles nobles d'aujourd'hui, anoblie en 1579 par une charge de finances, sont des Le Fèvre. Certes, ce patronyme est commun sinon vulgaire. Certes, il indique qu'un lointain aïeul exerça le rude métier de forgeron, ce que l'on peut juger peu aristocratique, mais c'est avec ce nom que cette famille s'est faite, a vécu et a grandi, et non avec un nom de terre achetée ou vendue suivant l'humeur du jour.

906 - [Que sais-je ? n° 830, p. 106]

L'étude des origines de la noblesse française, il est peut-être plaisant de le constater aujourd'hui, a longtemps servi de cheval de bataille politique. Les historiens « républicains » du XIXe siècle (Augustin Thierry, Henri Martin) ont soutenu, reprenant d'ailleurs la thèse de Boulainvilliers et des « ultras » de l'Ancien régime, que notre noblesse nous était tout entière venue des Francs, soldats et oppresseurs, cependant que notre tiers-état représentait les plus anciens Français, les Gaulois attachés à la glèbe ou commerçant dans leurs bourgs.

1197 - [Que sais-je ? n° 830, p. 5]

.... le pouvoir - moral et temporel - de la noblesse croîtra pendant qu'un christianisme intégral gagnera tout l'Occident. Sa puissance atteindra son extrême pointe avec les XIIIe-XIVe siècles, alors que l'Europe vit avec et en Dieu. Puis, lentement, la noblesse perdra son sens profond en même temps que ce monde occidental se désacralisera. La Réforme, prolongée par la Renaissance, fait de la foi une affaire purement individuelle et non plus de communauté, de peuple (même si les calvinistes créent, à Genève, une théocratie). Le noble alors, n'ayant plus que ses qualités propres, est à la mesure des autres hommes. Il n'est plus désigné par Dieu mais par un roi qui, lui-même, n'est désormais plus que l'héritier tout matériel d'un chef de la bande jadis heureux.

1191 - [Que sais-je ? n° 830, p. 4]

(...) il nous faut bien constater qu'il en est de l'histoire des hommes comme de la thérapeutique : il est, en l'espèce, impossible de connaître les conséquences de l'expérience contraire, et tout simplement parce que cette dernière ne peut être tentée.

Autrement dit, pour savoir très précisément ce que la chevalerie a apporté à la civilisation de l'Europe occidentale, il faudrait savoir ce qu'aurait été cette Europe naissante sans la chevalerie, et comparer.

Jean-Baptiste de Pillot-Chantrans, d'une famille de Franche-Comté toujours existante, fut fait marquis, et sa descendance, par Louis XVI, en 1780, sans que son marquisat fût assis sur une terre.

1202 - [Que sais-je ? n° 830, p. 55]